Éolienne et tours de refroidissement de la centrale nucléaire de Cruas-Meysse en Ardèche. (©EDF-Xavier Popy)
La production d’électricité en France métropolitaine a été « particulièrement décarbonée » en 2018, grâce à une bonne disponibilité des centrales nucléaires et un fort développement des énergies renouvelables, indique le gestionnaire de réseau RTE dans son dernier Bilanélectrique annuel(1). État des lieux.
Production : meilleure disponibilité du nucléaire, forte progression des renouvelables
En 2018, les 58 réacteurs du parc nucléaire français ont produit 393,2 TWh, soit 3,7% de plus qu’en 2017 grâce à une meilleure disponibilité des centrales. La part du nucléaire dans le mix électrique est restée relativement stable par rapport aux deux années précédentes, s’élevant à 71,7% de la production en France métropolitaine en 2018 (contre 71,6% en 2017 et 72,3% en 2016).
Pour rappel, le gouvernement retient désormais 2035 comme horizon pour réduire à 50% cette part du nucléaire (objectif qui sera intégré dans une « petite loi énergie » en cours de préparation). RTE note que « le calendrier des visites décennales des centrales reste […] un réel enjeu » dans la gestion de l’équilibre du réseau électrique français.
Deuxième source d’électricité en France, l’énergie hydraulique a connu la plus forte hausse de production des différentes filières en 2018 (+ 27,5%) grâce à « un excédent pluviométrique » (après une année 2017 marquée par de faibles précipitations). Avec 63,1 TWh produits l’an dernier, le parc hydroélectrique a compté pour 12,5% de la production électrique française en 2018.
Parmi les autres filières renouvelables, « la progression de l’éolien et du solaire est également importante » (productions respectivement en hausse de 15,3% et 11,3% en 2018), grâce à la croissance des capacités installées mais aussi à des conditions météorologiques « particulièrement favorables » (pour l’éolien, dont le facteur de charge a atteint en moyenne 21,1% en 2018(2)). L’énergie éolienne a compté pour 5,1% de la production nationale d’électricité en 2018 (contre 1,9% pour le photovoltaïque et 1,8% pour les bioénergies).
Les hausses des productions nucléaire et renouvelable en 2018 et un hiver plus clément qu’en 2017 ont permis « une mobilisation moins importante des installations thermiques à combustible fossile » (production en baisse de 26,8% en 2018). Les unités de production au fioul de Cordemais ont été définitivement arrêtées fin 2018. Rappelons par ailleurs que les dernières centrales « fonctionnant exclusivement » au charbon doivent être fermées d’ici 2022 selon le projet de PPE. Précisons enfin que le gaz, avec 31,4 TWh produits en 2018, reste la 3e source d’électricité en France (5,7% du mix électrique l’an dernier).
En 2018, les émissions de CO2 liées à la production électrique en France métropolitaine ont été réduites de 28% grâce aux « progressionsconjuguéesdesproductionsnucléaireethydraulique ». (©Connaissance des Énergies, d’après RTE)
Consommation: une relative stabilité lors de la dernière décennie
La consommation brute d’électricité en France métropolitaine a atteint 478 TWh en 2018, soit 0,8% de moins qu’en 2017. Pour rappel, le début d’année dernière avait été « exceptionnellement doux », janvier 2018 étant le plus chaud des mois de janvier depuis 1900. À l’inverse, les températures de février 2018 avaient été inférieures de 2,2°C à la normale saisonnière.
Ces variations de température ont un impact important sur la consommation d’électricité en France, compte tenu de « la composition du parc de chauffage à dominante électrique » : en hiver, chaque degré en moins peut générer au niveau national un appel de puissance supplémentaire de 2 400 MW (gradient thermique) selon RTE. « Corrigée de l’aléa climatique et des effets calendaires » (29 février pour les années bissextiles), la consommation française d’électricité est restée relativement stable au cours des dix dernières années, indique le gestionnaire de réseau.
RTE fait par ailleurs état de « 48,9 GWh d’effacement » en 2018. Pour rappel, un effacement de consommation désigne l’action de baisser temporairement « le niveau de soutirage effectif d’électricité sur les réseaux publics de transport ou de distribution d’un ou de plusieurs sites de consommation, par rapport à un programme prévisionnel de consommation ou à une consommation estimée » (article L 271-1 du code de l’énergie). Les effacements permettent ainsi de réduire l’appel de puissance sur les réseaux lors des pics de demande (hiver). En 2018, la « pointe » a été de 96,6 GW le 28 février à 19h (3e plus important appel de puissance jamais enregistré en France).
La consommation « brute » d’électricité comprend la consommation finale d’électricité mais aussi la consommation des installations de production et les pertes de distribution et de transformation. (©Connaissance des Énergies, d’après RTE)
Dans un contexte de hausse de la production et de stabilité de la consommation, la France est redevenue en 2018 « le pays le plus exportateur d’électricité d’Europe (devant l’Allemagne), la progression des exports étant liée à une hausse du prix français plus modérée que ses voisins » selon RTE. Au total, la France a ainsi exporté 86,3 TWh d’électricité vers ses voisins en 2018 et importé 26,1 TWh, RTE faisant état, pour 2018, de seulement « 17 journées importatrices, contre 52 en 2017 ».
En mai 2018, le solde des échanges export-import d’électricité de la France a atteint 7,85 TWh, soit son plus haut niveau mensuel depuis juillet 2014. (©Connaissance des Énergies, d’après RTE)