Centrale à cycle combiné de Bouchain dans le Nord. (©EDF-Xavier Popy)
La crise de Covid-19 a « entraîné des conséquences importantes sur le système électrique » en France métropolitaine en 2020, souligne le gestionnaire de réseau RTE dans son Bilan électrique annuel(1) publié le 3 mars.
Consommation d’électricité
En 2020, la consommation brute d’électricité en France métropolitaine s’est élevée à 449 TWh, soit 5,1% de moins qu’en 2019. Cette chute de la consommation est « à la fois imputable à la crise sanitaire et à des températures globalement plus douces(2) », précise RTE. Pour rappel, la France a entre autres connu deux phases de confinement en 2020 (du 17 mars au 11 mai et du 30 octobre au 15 décembre). Corrigée des aléas climatiques(3), la consommation française d’électricité aurait baissé de 3,5% en 2020 par rapport à 2019 selon RTE.
Précisons que la consommation électrique de la « grande industrie »(4) a été particulièrement affectée en France (baisse de plus de 10% en 2020), avec l’arrêt de nombreux sites de production. RTE évoque même des chutes « de 20 à 25% » de la consommation annuelle des secteurs de la construction automobile, de la sidérurgie ou des transports ferroviaires. La consommation du secteur résidentiel est quant à elle restée « stable par rapport à 2019 », avec une augmentation de près de 5% au cours du premier confinement liée à la « présence renforcée des occupants dans leurs logements(5) ».
En 2020, le secteur résidentiel a compté pour près de 38% de la consommation finale d’électricité en France métropolitaine selon RTE. (©Connaissance des Énergies, d’après RTE)
Le pic de consommation sur le réseau de RTE en 2020 a été atteint le 22 janvier à 9h30, avec un appel de puissance de 83,2 GW (« dans la moyenne des 20 dernières années »). L’année 2020 a été par ailleurs marquée par le « plus faible creux de consommation observé depuis 2003 » (28,7 GW le 10 mai).
Production d’électricité
La production d’électricité en France métropolitaine s’est élevée à 500,1 TWh en 2020, soit 7% de moins qu’en 2019 (et le plus bas niveau depuis 20 ans). Cette chute de la production est liée à celle de la consommation et à une moindre disponibilité du parc nucléaire(6), souligne RTE.
L’énergie nucléaire a compté pour 67,1% de la production totale d’électricité en France métropolitaine en 2020 mais la filière a connu un « recul historique », générant 11,6% d’électricité en moins qu’en 2019 (335,4 TWh en 2020, plus bas niveau de production depuis 1993). RTE estime que plus des trois quarts du déficit de production de la filière est « lié directement à la crise Covid »(7). S’y ajoute la fermeture des deux réacteurs de 900 MW de la centrale de Fessenheim (aux mois de février et juin), qui a réduit la puissance du parc nucléaire français pour la première fois depuis 2009 (de 63,1 GW à 61,4 GW).
La production des différentes centrales thermiques à combustible fossile (gaz, fioul et charbon) a également reculé de 10,6% en 2020 (portant leur part dans la production française d’électricité à 7,5% en 2020). La production d’électricité à partir du charbon a notamment « atteint un plus bas historique de 1,4 TWh » en 2020, qui s’explique selon RTE « surtout par un espace économique aujourd’hui réduit pour ces centrales dans un contexte de baisse globale de la consommation et par le prix du carbone » (la France est censée « sortir » du charbon à l’horizon 2022).
La production d’électricité d’origine renouvelable a en revanche sensiblement progressé en 2020, comptant pour plus d’un quart de l’ensemble de la production annuelle d’électricité en France. L’hydroélectricité, dont la production a augmenté de 8,4% par rapport à 2019 grâce à « un stock élevé dès le début de l’année(8) », reste de loin la principale filière renouvelable productrice d’électricité en France et la 2e filière toutes énergies confondues (13% du mix électrique en 2020).
Parmi les faits marquants de 2020, RTE souligne que l’éolien est devenu « pour la première fois la 3e source de production d’électricité en France », devant le gaz. Avec 39,7 TWh en 2020, la filière a produit 17,3% d’électricité en plus qu’en 2019. Cette « envolée » de la production « s’explique par des conditions climatiques favorables et par la croissance du parc en 2020 (+ 6,7%) », indique RTE. Précisons que le facteur de charge de l’éolien a très fortement augmenté, atteignant 36% en 2020 contre 24,7% en 2019(9). La production solaire photovoltaïque a quant à elle plus timidement augmenté en 2020 (+ 2,3% par rapport à 2019, 2,5% de la production française d’électricité en 2020).
Pour accompagner la croissance des filières à production intermittente, l’essor des solutions de stockage est indispensable : RTE évoque un parc de stockage de « 4 850 MW dont 4 810 MW de type hydraulique y compris marin et 40 MW de batterie […] stable par rapport à l’année dernière ».
La production française d'électricité était décarbonée à près de 92,5% en 2020. (©Connaissance des Énergies, d’après RTE)
Émissions de CO2 et exportations
Les émissions de CO2 du secteur électrique français ont diminué d’environ 9% en 2020 par rapport à 2019, grâce au fort recul de la production thermique à combustible fossile. Elles constituent « seulement 5% des émissions totales de CO2 en France », souligne RTE.
Précisons que la production décarbonée du secteur électrique français « n’a pas augmenté de manière significative depuis les années 2000 » : la production hydraulique est « quasiment stable depuis 30 ans » tandis que la production nucléaire diminue progressivement depuis 2005, avec en parallèle une hausse des productions éolienne et solaire.
Précisons enfin que la France est restée en 2020 « le pays le plus exportateur d’électricité en Europe » (77,8 TWh d’exportations, 34,6 TWh d’importations) malgré un recul de 7% de ses exportations.