L'année 2022 « a été marquée par la poursuite de la reprise amorcée en 2021. Les livraisons de carburéacteur et de carburants routiers, en particulier des essences, sont restées très soutenues dans un contexte de hausse des prix lié aux tensions internationales et au conflit russo-ukrainien », indique Olivier Gantois, président d’Ufip Énergies et Mobilités.©Unsplash
En 2022, les livraisons de carburants routiers en France ont augmenté de 2,2% (par rapport à 2021), indique Ufip Énergies et Mobilités(1) dans un communiqué publié ce 17 janvier(2).
Rebond de la consommation
Les livraisons de carburants routiers sur le marché français ont atteint près de 49,3 millions de m3 selon les dernières données du CPDP (Comité Professionnel du Pétrole), un niveau encore « en léger retrait de 1,6% par rapport à 2019 (avant covid) ».
En volume, le gazole a encore compté pour 73,5% de la consommation française de carburants routiers en 2022 mais sa part s'effrite (en baisse de 2 points par rapport à 2021) par rapport aux autres carburants : en 2022, les livraisons d'essence (supercarburants sans plomb) ont augmenté de 10,6% alors que celles de gazoles ont baissé de 0,5%, « confirmant le basculement observé mois après mois, d’une partie des consommations de gazoles vers celles des essences », indique Ufip Énergies et Mobilités.
Précisons que la consommation de l'ensemble des produits pétroliers énergétiques en France (en incluant carburéacteurs pour le transport aérien, gazole non routier, fioul domestique, etc.) a quant à elle augmenté de 3,7% en 2022 (par rapport à 2021) mais reste inférieure de 5,4% au niveau de 2019 (avant Covid).
Hausse des prix à la pompe
La hausse de la consommation française de carburants routiers en 2022 s'explique par « la poursuite de la reprise des trafics suite au Covid » alors que « le début d'année 2021 étant encore marqué par les restrictions liées à la crise sanitaire », rappelle Aurélien Bigo, chercheur sur la transition énergétique des transports. Le rebond de la demande « a pu être limité par les hausses de prix du carburant », poursuit-il.
En 2022, les prix du gazole et du SP95-E10 à la pompe ont respectivement atteint en moyenne 1,85 €/l (contre 1,43 €/l en 2021, soit une hausse de presque 30% malgré les aides) et 1,77 €/l (contre 1,53 €/l en 2021, soit une hausse de plus de 15%) en France. Les taxes ont compté pour près de 50% du prix du gazole à la pompe et pour environ 55% de celui du SP95-E10 en 2022.
Le niveau de consommation estimé sur l'année 2022 « devrait repasser au-dessus de la trajectoire d'émissions des transports que la France s'est fixée dans ses objectifs climatiques (SNBC : stratégie nationale bas-carbone) », déplore Aurélien Bigo. À court terme, « les principaux gains étaient espérés sur les baisses de consommation des véhicules, en renouvelant le parc vers des véhicules plus sobres en énergie. Cependant un grand retard a été pris, avec la tendance vers des véhicules lourds ou encore à l'augmentation des SUV qui s'est poursuivie », indique le chercheur.
Aurélien Bigo rappelle à ce titre « l'importance d'agir plus fortement sur 5 leviers » :
- une modération planifiée de la demande de transport, en particulier par « un aménagement et des modes de vie plus en proximité » ;
- le report modal vers le ferroviaire, le vélo ou les transports en commun routiers ;
- l'amélioration du remplissage des véhicules, avec entre autres le développement du covoiturage ;
- les baisses de consommation énergétique des véhicules, en se tournant vers des véhicules plus légers et plus sobres, en modérant les vitesses sur les routes ;
- la décarbonation de l'énergie, en accélérant en particulier l'électrification du parc de véhicules.