Uniper présente sa centrale à charbon de Datteln 4, qui sera mise en service cette année, comme un « partenaire fiable pour les énergies renouvelables ». (©Uniper)
En France comme en Allemagne, ce début d’année 2020 est marqué par des annonces portant sur les centrales à charbon encore en service dans les deux pays. Avec des problématiques toutefois bien différentes.
France : presque la fin en 2022 ?
La France dispose à l’heure actuelle de 4 centrales à charbon en service : Cordemais (Loire-Atlantique), Gardanne (Bouches-du-Rhône), Le Havre (Seine-Maritime) et Saint-Avold (Moselle). Au cours des 10 premiers mois de 2019, celles-ci n’ont compté que pour 0,2% de la production électrique en France métropolitaine selon les dernières données de RTE (1,1% en 2018).
Le gouvernement s'était engagé à fermer les dernières centrales à charbon françaises d’ici à 2022. La loi énergie-climat adoptée en novembre 2019 prévoit de plafonner la durée de fonctionnement de ces installations afin de réduire leur rentabilité et conduire à leur fermeture… tout en conservant la possibilité d’y avoir recours ponctuellement lors de pointes de consommation.
Le décret fixant ce plafond d’émissions(1) a été publié au Journal officiel fin 2019 et entrera en vigueur le 1er janvier 2022. Il y est précisé : « Pour les installations situées en métropole continentale, produisant de l'électricité à partir de combustibles fossiles et émettant plus de 0,55 tonne d'équivalents dioxyde de carbone par mégawattheure d'électricité produite, le plafond annuel d'émissions de gaz à effet de serre est fixé à 0,7 kilotonne d'équivalents dioxyde de carbone par mégawatt de puissance électrique installée ».
Concrètement, la centrale de Cordemais pourrait continuer à fonctionner au-delà de 2022 (en attendant la mise en service de l’EPR de Flamanville) sous certaines conditions : « à 10% de son fonctionnement actuel, entre 2022 et 2024 voire, potentiellement, jusqu'en 2026 maximum mais pas au-delà », a indiqué la secrétaire d'État à la Transition écologique et solidaire Emmanuelle Wargon (soit « entre 200 et 500 heures de fonctionnement par an à partir de 2022 » contre 4 500 heures actuellement).
Selon Jacques Percebois, professeur émérite à l’Université de Montpellier, cette baisse du facteur de charge du site de Cordemais « sera partiellement compensée par le fait que la centrale est largement amortie (il faudra payer les coûts de fonctionnement et de combustible pour l'essentiel) et aussi grâce au mécanisme de capacité ». Pour rappel, EDF travaille sur le projet « Ecocombust »(2), visant à « convertir » sa centrale de Cordemais en l’alimentant en partie avec des déchets de bois.
Précisons qu’EDF a par ailleurs annoncé que la fermeture de sa centrale du Havre interviendrait dès le 1er avril 2021. La centrale de Saint-Avold devrait quant à elle fermer « au 2e trimestre 2022 » et la date de fermeture de celle de Gardanne en 2022 doit encore être précisée.
Allemagne : 2038 au plus tard, une nouvelle centrale bientôt en service
En Allemagne, les centrales à charbon(3) ont produit plus de 150 TWh en 2019, soit 29,2% de l’électricité injectée sur les réseaux de transport d’électricité(4). C’est certes beaucoup moins qu’en 2018 (37,2% de la production électrique selon les gestionnaires de réseaux allemands) mais le chemin est encore long pour « sortir du charbon », au plus tard en 2038 selon les recommandations émises en janvier 2019 par la commission « croissance, changement structurel et emploi » (et si possible dès 2035).
La « sortie progressive du charbon débute maintenant », a annoncé le 16 janvier 2020 la ministre allemande en charge de l’Environnement, Svenja Schulze, après avoir précisé un échéancier et un cadre d’indemnisations. Une aide financière de 40 milliards d'euros doit être versée à 4 régions minières affectées par cette sortie du charbon (Brandebourg, Rhénanie-du-Nord-Westphalie, Saxe, Saxe-Anhalt) et 4,35 milliards d’euros d’indemnités sont déjà prévus pour les exploitants de centrales à charbon qui fermeront « dans les années 2020 ».
Dans le même temps, une centrale à charbon de 1 100 MW de puissance, Datteln 4(5), sera bien mise en service « mi-2020 », dans l'ouest de l'Allemagne. L’exploitant Uniper met en avant la modernité de sa nouvelle centrale (avec un rendement net supérieur à 45%) mais se heurte à l’incompréhension des organisations appelant à une sortie anticipée du charbon.
Le charbon a déjà quasiment disparu du mix électrique français mais reste la principale source d'électricité outre-Rhin (tous types de charbon confondus). (©Connaissance des Énergies)