Le Japon, la Corée et l’Islande sont les 3 seuls pays de l'OCDE qui ne passent pas à l’heure d’été. (©photo)
Ce dimanche 30 octobre 2011 à 3 heures du matin, il sera 2 heures. La France passe à l’heure d’hiver comme chaque année depuis 1976 avec une ambition simple : limiter l’utilisation de l’éclairage artificiel en faisant mieux correspondre les heures d’activité aux heures d’ensoleillement. Quid des économies d’énergie réalisées ?
Un intérêt pas nouveau…
Le principe d’économiser de l’énergie en ayant recours au changement d’heure n’est pas une idée neuve. En France, ce dispositif est expérimenté une première fois dès 1916 en pleine première guerre mondiale. A la fin de la seconde guerre mondiale, les Français rompent avec « l’heure de Berlin » imposée pendant l’occupation allemande.
Le changement d’heure est réinstauré par décret le 19 septembre 1975. Il vise alors à réduire la dépendance pétrolière de la France après le premier choc pétrolier de 1973. L’électricité est en effet largement produite à partir de centrales au fioul lourd à l’époque. Près de 35 ans plus tard, le mix électrique français dépend à plus de 75% de l’énergie nucléaire.
L’Ademe fait néanmoins état d’ « impacts énergétiques réels ». En 2009, le dispositif aurait permis d’économiser 440 GW sur l’éclairage, soit l’équivalent de la consommation annuelle en éclairage d’environ 800 000 ménages(1). Toujours selon l’Ademe, ce gain aurait permis à la France d’éviter l’émission de 44 000 tonnes de CO2. Les économies liées aux usages thermiques (chauffage et climatisation) seraient moins significatives et plus difficiles à évaluer. La consommation de la climatisation tertiaire aurait, par exemple, permis d’économiser 70 GWh d’électricité par an.
Un dispositif voué à disparaître ?
Bien qu’harmonisé au niveau de l’Union européenne depuis 1998 (passage à l’heure d’été le dernier dimanche de mars et à l’heure d’hiver le dernier dimanche d’octobre), le principe du changement d’heure ne fait pas l’unanimité. Outre la difficulté d’évaluer les économies réelles liées au dispositif, les progrès technologiques et son impact sur le rythme biologique jouent en sa défaveur.
D’une part, l’usage de produits et d’appareils plus performants (généralisation des lampes à basse consommation, optimisation de l’éclairage par néons dans les lieux professionnels) réduisent les bénéfices du changement d’heure. En 2030, les économies d’énergie sont ainsi estimées par l’Ademe à 340 GW, soit 100 GW de moins qu’en 2009.
D’autre part, l’impact du changement d’heure sur le rythme biologique des personnes, notamment des enfants (perturbation du sommeil et du rythme de vie), est parfois mis en cause.
Dans ces conditions, la pertinence de maintenir l’heure d’été se pose ponctuellement. Il y a 15 ans déjà, un sénateur rédige un rapport intitulé « Faut-il en finir avec l’heure d’été ? »(2). En 2007, la Commission européenne reconnaît pour sa part que les économies d’énergies sont « relativement limitées ». Elle préconise néanmoins de conserver le régime actuel. Celui-ci est désormais rentré dans les mœurs des citoyens européens et français bien que nombre d’entre eux soient encore surpris par ce fatidique changement d’heure…