La construction d'un laboratoire souterrain à Bure a commencé dès 2000. Ici, le puits d'accès en train d'être creusé en 2002. (©Andra)
Le projet Cigéo de stockage géologique de déchets radioactifs fait actuellement l’objet d’un débat public, comme le prévoit la loi de 2006 sur la gestion des matières et déchets radioactifs. Les deux premières réunions publiques de ce débat (le 23 mai et le 17 juin derniers) ont cependant été interrompues par des opposants au projet. Rappels.
Le principe de Cigéo
Cigéo (Centre industriel de stockage géologique) est un projet français de centre de stockage de déchets radioactifs situé entre la Meuse et la Haute-Marne, près du village de Bure. Porté par l’Andra, il vise à stocker des déchets très radioactifs à une profondeur de près de 500 mètres. Ces déchets seraient conditionnés dans des structures spécifiques elles-mêmes confinées dans une couche de roche argileuse imperméable. Leur stockage vise à être réversible durant plus de 100 ans(1), durée minimum durant laquelle le centre Cigéo doit être exploité.
Les ouvrages souterrains seront ensuite progressivement refermés. La couche géologique d’argile devra alors permettre de confiner les radionucléides durant une durée supérieure à 100 000 ans durant laquelle leur radioactivité diminuera. L’Andra effectue déjà depuis près de 8 ans des tests en profondeur sur le site. La construction des installations profondes de Cigéo est censée débuter en 2019, suite à une série d’autorisations du gouvernement, de l’ASN et du Parlement. Il est envisagé que le centre Cigéo puisse accueillir des déchets à partir de 2025.
Les déchets radioactifs à stocker
Cigéo est destiné à accueillir les déchets à haute activité (HA) et à moyenne activité à vie longue (MA-VL) qui sont principalement issus du traitement des combustibles usés dans les réacteurs nucléaires, des activités de recherche associées et de la défense. Selon les dernières données de l’Andra, l’ensemble de ces déchets représenterait un volume de 42 700 m3, soit l’équivalent de près de 17 piscines olympiques. S’ils ne représentent actuellement que 2,3% du volume total des déchets radioactifs français déjà produits, ils émettent quasiment 100% de la radioactivité contenue par ces déchets.
Ces types de déchets sont contenus dans des colis : en béton ou en métal sous forme de galettes dans le cas des déchets MA-VL, en inox coulés avec du verre dans le cas des déchets HA. Ces colis sont actuellement entreposés sur les sites où ils sont produits, principalement sur le site de stockage de la Hague dans la Manche et à Cadarache et Marcoule dans le sud-est de la France. En supposant que les réacteurs nucléaires français soient exploités 50 ans, le centre Cigéo doit pouvoir accueillir un volume de 10 000 m3 de déchets de haute activité et de 70 000 m3 de déchets de moyenne activité.
Les critiques et les alternatives
Les opposants au projet Cigéo mettent en doute la sûreté et la réversibilité du stockage géologique à Bure. Ils soulignent entre autres des réserves techniques émises par l’ASN dans un avis publié le 16 mai dernier(2). Les opposants dénoncent par ailleurs le calendrier du débat public et le fait que celui-ci soit « tronqué d’avance ». En effet, le projet Cigéo résulte d’une procédure politique au long cours.
En 1991, la loi « Bataille » avait retenu trois grands axes de recherche pour contenir les déchets les plus radioactifs : la séparation /transmutation réduisant la quantité et la nocivité des déchets (sans les éliminer totalement), l’entreposage de longue durée (près de 300 ans) en surface ou à faible profondeur et le stockage profond. Aux termes d’études réalisées par l’Andra et le CEA, c’est cette dernière solution qui a été retenue en 2005. L’avenir du stockage des déchets HA et MA-VL peut ainsi déjà sembler tranché bien que l’Andra répète que le projet n’est pas acté.