Entre janvier et août 2015, 10 048 voitures électriques particulières ont été immatriculées en France. Ici, des véhicules en autopartage près de la centrale nucléaire de Chooz. (©EDF-Philippe Eranian)
La recharge constitue un enjeu central du déploiement des voitures électriques. Il est possible d’estimer grossièrement le nombre de véhicules électriques pouvant être rechargés par certaines unités de production, par exemple par un seul réacteur nucléaire dont la production leur serait entièrement dédiée dans une situation tout à fait théorique(1).
En France, un réacteur nucléaire a produit en moyenne près de 7 170 GWh en 2014(2). Dans le cas d’une Renault ZOE électrique(3) dotée d’une batterie de 22 kWh, il serait ainsi théoriquement possible d’effectuer l’équivalent de près de 326 millions de recharges de batteries de ce véhicule électrique en un an (soit presque 900 000 par jour) à partir de l’électricité fournie par un seul réacteur nucléaire.
Si l’on mobilise un réacteur nucléaire de 900 MW pour recharger des véhicules électriques à un instant t (avec une puissance de charge standard de 7 kW), il est par ailleurs théoriquement possible de recharger en direct près de 130 000 voitures. Cette donnée instantanée suppose toutefois que le réacteur dispose de sa puissance maximale, ce qui n’est pas le cas en permanence (le facteur de charge du nucléaire est de 75% en France).
Selon le gestionnaire de réseau ERDF, la mise en circulation de 2 millions de véhicules électriques(4) n’induirait que 2% de consommation électrique supplémentaire par an à l’échelle nationale. En revanche, la recharge simultanée(5) d’une telle flotte pourrait théoriquement déstabiliser le réseau : en mode de recharge lente, elle impliquerait un appel de puissance équivalant à 10% de la capacité électrique installée en France ; en mode de recharge accélérée (30 minutes), la puissance sollicitée pourrait, selon la simulation d'ERDF, atteindre 88 GW, soit les 2/3 de la capacité du parc électrique français(6).
Ces situations, bien que fictives, soulignent le rôle essentiel des « smart grids », incluant des solutions de stockage et la transmission de signaux aux utilisateurs de bornes de recharge, pour accompagner le déploiement d’une importante flotte de véhicules électriques.