Entre 2010 et 2013, les économies d’énergie réalisées au Japon (efficacité et sobriété énergétique) ont permis de compenser la perte de la moitié des capacités nucléaires mises à l'arrêt. (©photo)
Après entre autres l’Union européenne, les États-Unis et la Chine, le Japon a officiellement déposé sa contribution vendredi auprès des Nations Unies, en vue de la COP21 de fin d’année à Paris. Les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) du pays sont conformes aux précédentes annonces du gouvernement nippon.
Les engagements du Japon
Le Japon s’est formellement engagé à réduire ses émissions de GES de 26% d’ici à 2030 par rapport au niveau de 2013, soit d’environ 25,4% par rapport à 2005 (année souvent prise comme référence avec 1990). Cela correspondrait à un niveau d’émissions d’environ 1,04 milliard de tonnes d’équivalent CO2 en 2030.
Près de 91,5% des émissions japonaises de GES proviennent du secteur énergétique. Selon les Nations Unies, le Japon se place en 5e position des pays émettant le plus de GES dus à la combustion de ressources fossiles. Précisons toutefois qu’il se trouve à la 23e place dès lors que ces émissions sont rapportées à la population (127,3 millions d’habitants).
Le gouvernement japonais avait déjà annoncé ces objectifs fin avril 2015 et suscité à l’époque une forte déception de la part de ses partenaires européens. Après son désengagement du prolongement du Protocole de Kyoto portant sur la période 2013-2020, le Japon n’apparaît pas comme un pays leader dans la lutte contre le changement climatique.
Une ambition modérée par l’accident de Fukushima
Le Japon présente une intensité énergétique (consommation d’énergie par point de PIB) parmi les plus faibles au monde. Le pays a su réaliser des économies d’énergie drastiques dans « l’après-Fukushima Daiichi ». La politique énergétique et climatique du pays est toutefois encore profondément perturbée par cet accident (dû à l’inondation de son alimentation électrique).
En juin 2010, le « Plan stratégique énergie » du Japon prévoyait en effet de faire passer la part du nucléaire dans le mix électrique national de 29% à 50% entre 2010 et 2030. Suite à l’accident de Fukushima Daiichi cet objectif s’est mué en 2012 en une sortie du nucléaire avant 2040.
L’avenir du nucléaire est aujourd’hui encore en suspens au Japon (avec 43 réacteurs « opérationnels » à l’arrêt selon l’AIEA) bien que le gouvernement envisage une reprise de la production de cette filière, parallèlement au développement des énergies renouvelables. En 2030, la part du nucléaire dans le mix électrique japonais pourrait atteindre 20 à 22% pour diminuer la dépendance énergétique du pays et privilégier une énergie décarbonée pour accompagner le développement des renouvelables.
Le Japon est le 47e « Partie » (46 pays et l’Union européenne) sur les 196 signataires de la CCNUCC (Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques) à déposer sa contribution dans la perspective de la COP21 (depuis, les îles Marshall ont déposé leur « INDC » dimanche(1)). Rappelons que la date limite de dépôt des contributions est fixée au 31 octobre 2015. Hier et aujourd’hui se tient à Paris une réunion ministérielle informelle pour chercher des « compromis » en vue de la COP21.
Mix énergétique du Japon d'après les dernières données prises en compte par les Nations Unies portant sur l'année 2012, ce qui explique la part du nucléaire avant la mise à l'arrêt de tous les réacteurs (©Connaissance des Énergies)