La Chine, qui se présente encore comme un « pays en cours de développement », a rappelé qu’elle faisait partie des pays les plus sérieusement touchés par les impacts du changement climatique. Ici, la ville de Shanghaï de nuit. (©EDF-Liufuyu)
La Chine a officiellement remis hier aux Nations Unies sa contribution pour réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES), dans la perspective de la COP21. Le premier émetteur mondial de GES y précise l’évolution possible de son mix énergétique et y rappelle ses ambitions dans le domaine des technologies bas-carbone.
Quels sont les engagements de la Chine ?
La Chine énonce principalement 3 grands objectifs liés à l’énergie dans sa contribution, dite « INDC » (pour « Intended Nationally Determined Contribution ») :
- atteindre le pic de ses émissions de CO2 aux environs de 2030 et faire le maximum pour atteindre ce pic plus tôt ;
- réduire les émissions de CO2 par unité de PIB de 60% à 65% d’ici 2030 par rapport à 2005 (elles ont déjà été réduites de 33,8% en 2014 par rapport à 2005) ;
- augmenter la part des énergies non fossiles (renouvelables et nucléaire) pour que celles-ci comptent pour environ 20% de la consommation d’énergie primaire en 2030 (contre 11,2% en 2014).
La Chine confirme ainsi ses annonces de novembre 2014. Le pays se fixe comme objectif complémentaire d’augmenter le volume de son stock forestier de 4,5 milliards de m3 par rapport au niveau de 2005 pour absorber le dioxyde de carbone.
Notons que 3 autres pays ont également déposé hier leurs INDC auprès des Nations Unies. Cela porte le total des signataires de la CCNUCC (Convention-Cadre des Nations Unies sur les Changements Climatiques) ayant remis leurs contributions à 44 sur les 196 Parties de la CCNUCC. Pour rappel, la date limite de dépôt des contributions est fixée à fin octobre 2015, soit près d’un mois avant la Conférence Climat à Paris (30 novembre-11 décembre).
D’où viennent les émissions chinoises de gaz à effet de serre ?
Selon les dernières données prises en compte par les Nations Unies (portant sur l’année 2012), les émissions chinoises de GES liées à la combustion d’énergie atteignent 8 205,9 millions de tonnes équivalent CO2 (CO2e), soit plus d’un quart du total mondial.
Ces émissions sont dues à près de 82% à la combustion de charbon (dont les émissions ont été multipliées par 2,5 entre 2000 et 2012). Pour rappel, le charbon compte encore pour 68% de l’énergie primaire consommée par la Chine en 2012. La Chine est le principal producteur et consommateur mondial de charbon depuis le début des années 1980.
Notons toutefois que la production et la consommation chinoise de charbon auraient baissé de près de 3% en 2014, ce qui constitue la première baisse depuis 14 ans. Cette évolution est susceptible de permettre l’atteinte d’un pic des émissions de GES avant 2030 selon un rapport récent de l’économiste Nicholas Stern.
Précisons également que les émissions chinoises doivent être analysées au regard de la population du pays : avec plus de 1,3 milliard de personnes, le pays ne se situe qu’en 48e position en matière d’émissions de GES par habitant (6,1 tonnes de CO2e par personne).
Comment va évoluer le mix énergétique chinois ?
La Chine annonce vouloir accélérer la transformation de son système énergétique en faisant évoluer son mix et en poursuivant ses efforts pour augmenter l’efficacité énergétique et développer les technologies bas-carbone. Le pays a déjà adopté plusieurs plans allant dans ce sens comme le programme national sur le changement climatique portant sur la période 2014-2020. Ses actions portent sur de nombreuses problématiques liées à l’énergie : mise en place de marchés carbone dans 7 provinces, investissements dans les smart grids, réduction du torchage, etc.
L’attention se porte aujourd’hui naturellement sur la consommation de charbon. La Chine dit vouloir « contrôler » cette dernière et avoir davantage recours au « charbon propre » en modernisant les centrales et en les associant à des systèmes de capture du CO2. Concrètement, la Chine annonce vouloir baisser les émissions de GES dans les nouvelles centrales à charbon à un niveau de 300 g de CO2e par kWh. Le pays souhaite parallèlement augmenter la part du gaz naturel qui pourrait satisfaire 10% de la consommation chinoise d’énergie primaire d’ici à 2020 (contre 4,2% en 2012).
Dans le domaine des énergies décarbonées, la Chine annonce vouloir développer toutes les filières en s’appuyant en particulier sur l’hydroélectricité (2,6% de la consommation d’énergie primaire en 2012). Le parc hydroélectrique chinois a une puissance installée de près de 300 GW en 2014, soit plus du double des parcs éolien, solaire et nucléaire cumulés. Les barrages hydrauliques présentent en outre un meilleur facteur de charge que les unités de production renouvelables intermittentes, à savoir les éoliennes et fermes solaires.
Les attentes de la Chine au sujet de la COP21 ne sont pas feintes. Le premier ministre chinois Li Keqiang l’a réaffirmé hier à Paris alors qu’il rencontrait François Hollande, à l’heure de la remise de la contribution chinoise. Le pays a développé des industries compétitives dans les énergies décarbonées et les technologies bas-carbone et, outre ses problèmes d’ordre environnemental, voient un réel intérêt économique dans une « transition écologique » mondiale.