La COP22 s’est tenue à Marrakech du 7 au 18 novembre. (©flickr-UNclimatechange)
La COP22 s’est terminée le 18 novembre à Marrakech, après plus de dix jours de discussions marquées par l’élection en pleine Conférence de Donald Trump outre-Atlantique. Que retenir de cette Conférence ?
La COP22 précise le calendrier des négociations
Il y a moins d’un an, la COP21 à Paris s’était achevée sous les applaudissements, avec un accord conclu par les 196 « Parties » (195 pays et l’Union européenne) visant à contenir l’augmentation de la température mondiale « nettement en dessous » de 2°C d’ici à 2100 par rapport aux niveaux préindustriels (et de poursuivre les efforts en vue de limiter cette augmentation à 1,5°C). Cet accord est entré en vigueur en un temps record le 4 novembre dernier, juste avant l’ouverture de la COP22 à Marrakech.
La Conférence Climat au Maroc était annoncée comme la « COP de l’action », des avancées étant désormais attendues dans la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Pour Ségolène Royal, présidente de la COP21, « les premiers échanges sur la transparence, le bilan mondial, les contributions nationales, les mécanismes de marché ont été constructifs, et ont permis de clarifier les objectifs » à Marrakech. En fin de Conférence, les 197 délégations se sont fixés pour objectif de finaliser ces discussions et les règles de mise en oeuvre de l'accord de Paris en novembre 2018 lors de la COP24 (qui sera organisée par la Pologne).
Les ONG dénoncent un manque d’ambition
Ségolène Royal a salué à l’issue de la Conférence le renforcement des engagements de plusieurs États comme la France qui a annoncé une objectif de « neutralité carbone » d’ici à 2050 ou d’autres pays ayant annoncé des stratégies de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre à cet horizon. A l’heure où l’élection de Donald Trump suscitait une certaine inquiétude à Marrakech, « irréversibilité, détermination, mobilisation ont été les maîtres mots des prises de parole », estime Ségolène Royal.
Du côté des ONG, c’est précisément le fait que les discours aient eu « le vent en poupe » davantage que les ambitions pour « accélérer les actions entre 2017 et 2020 », qui est mis en cause, explique la Fondation Nicolas Hulot. Selon elle, « les négociations n’ont pas permis d’aller plus vite et plus loin », la COP22 ayant « donné l’impression que les gouvernements avaient fait leur part et qu’il s’agissait maintenant de transférer la responsabilité de la mise en œuvre et de l’accélération de l’action aux acteurs économiques et non-étatiques ». « Les ministres et les négociateurs des pays développés sont venus les mains vides », dénonce également Armelle Le Comte d’Oxfam France.
Des alliances et coalitions en progrès
A défaut de progrès notables dans les salles de négociations, tous ont salué les progrès de certaines initiatives parallèles, à l’image de l’Initiative africaine pour les énergies renouvelables qui bénéficiera de la signature d’une convention de partenariat avec la Banque africaine de développement(1).
Les pays les plus affectés par le changement climatique ont rappelé lors de la COP22 l’urgence d'une ambition plus forte, à l’image de 48 États membres du « Climate Vulnerable Forum » qui se sont engagés(2) lors du dernier jour de la Conférence à réviser à la hausse avant 2020 leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre et à atteindre un mix énergétique 100% renouvelable « aussi rapidement que possible ». La question centrale des financements des pays du Nord aux pays du Sud reste plus que jamais d’actualité mais n’a pas connu d’avancée majeure malgré certains engagements (l'objectif reste de 100 milliards de dollars par an d’ici à 2020, comme annoncé dès la COP15 de Copenhague en 2009).
L’an prochain, la présidence de la COP23 sera assurée pour la première fois par un petit État insulaire « vulnérable », les îles Fidji, et la Conférence Climat aura lieu…en Allemagne à Bonn, siège de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)(3). Le Premier ministre fidjien Frank Bainimarama a donné le ton des futures négociations en déclarant se tourner vers Donald Trump et les États-Unis pour que ceux-ci continuent à jouer leur « rôle de leader face au changement climatique, de la même manière que nous nous sommes tournés vers l'Amérique dans les jours sombres de la Seconde Guerre mondiale ».