- Source : Ifri
Alors qu’elles faisaient l’objet d’une faible attention des organisations internationales il y a seulement 10 ans, les énergies renouvelables (EnR) se trouvent aujourd’hui « au centre d’un paysage institutionnel encombré », constate une étude publiée le 11 mars par le Centre Énergie de l’Ifri.
Dans cette étude en anglais, accessible ci-après, Amélie Lougsami(1) présente différentes organisations et initiatives dont l'action porte en partie ou exclusivement sur les énergies renouvelables: Agence internationale de l’énergie (AIE), Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena), Renewable Energy Policy Network for the 21st Century (REN21), Sustainable Energy for All (SEforALL), Alliance solaire internationale (ASI), etc. Il est rappelé que les États membres restent les principaux décideurs au sein de ces organisations qu’ils financent et dont ils définissent les champs d’activités, en y défendant chacun leurs intérêts nationaux(2).
Institution la plus « mature » mentionnée dans cette étude, l’AIE a été créée en 1974 pour renforcer la sécurité d’approvisionnement en pétrole de ses États membres (à la suite du choc pétrolier de 1973). Elle a depuis développé une expertise dans les autres énergies, notamment renouvelables, mais sa vision globale diffère de celle de l’Irena, agence créée en 2009 avec pour mission centrale de favoriser le développement des EnR au niveau mondial.
Ces deux grandes agences disposent chacune de modèles pour simuler des scénarios énergétiques à long terme (World Energy Model pour l’AIE et REmap pour l’Irena). Elles s’accordent sur un certain nombre de recommandations (encourager la R&D, renforcer les mesures d’efficacité énergétique, mettre en place des tarifications du carbone, etc.) mais leurs scénarios pour décarboner le système énergétique mondial diffèrent : les énergies renouvelables occupent une place majoritaire dans les projections de mix de l’Irena tandis que l’AIE estime que les énergies fossiles joueront encore un rôle central dans les décennies à venir, nécessitant par ailleurs un recours à toutes les technologies « bas carbone » (renouvelables mais aussi nucléaire et large déploiement des dispositifs « CCUS » de capture, stockage et utilisation du CO2).
Amélie Lougsami appelle à ce que les organisations précisent mieux leurs objectifs et leur positionnement. Elle souligne par ailleurs que les économies « émergentes » – Chine et Inde en tête – se montrent de plus en plus actives au sein des institutions et initiatives consacrées aux énergies renouvelables, y voyant un intérêt industriel et souhaitant avoir une place centrale dans la nouvelle « géopolitique de la transition énergétique ».
- Amélie Lougsami a travaillé comme « Policy officer » à la représentation permanente de la France à l’Irena entre 2016 et 2018. Elle est spécialisée dans le droit environnemental international.
- L’administration américaine pousse par exemple l’AIE à « mettre davantage l’accent » sur la capture, le stockage et l’utilisation de CO2 (CCUS). Dans le même temps, le Danemark défend au sein de l’organisation les intérêts de l’industrie éolienne et le Japon promeut le recours à l’hydrogène énergie.