Les travaux sur le chantier de l’EPR de Flamanville ont débuté à l’automne 2007. (©EDF-Alexis Morin)
EDF a annoncé le 25 juillet que le chargement de combustible dans son réacteur EPR de Flamanville (Manche) était « désormais prévu au 4e trimestre 2019 », officialisant ainsi un nouveau retard de près d’un an. Explications.
Une cinquantaine de soudures à réparer
Fin mars 2018, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) avait été informée par EDF de « la détection de défauts de réalisation de certaines soudures des circuits secondaires principaux » sur le chantier de l’EPR de Flamanville(1). Sur les 150 soudures du circuit secondaire principal de l’EPR, EDF a fait état le 25 juillet de 33 soudures présentant « des écarts de qualité » et devant faire l’objet d’une réparation. L’électricien s’est engagé à refaire 20 soudures supplémentaires au motif qu’elles ne respectent pas ses « exigences de haute qualité ». Restent donc 85 soudures dites « conformes » (2 soudures devaient encore être contrôlées au 25 juillet).
En conséquence de quoi, EDF a à nouveau actualisé le calendrier du chantier de l’EPR de Flamanville : les essais « à chaud » (consistant à tester les matériels dans des conditions de température et de pression similaires aux conditions d’exploitation) sont désormais censés débuter fin 2018, le chargement du combustible étant décalé au 4e trimestre 2019(2). Le raccordement au réseau électrique du réacteur de 3e génération pourrait intervenir début 2020. Pour rappel, le chantier de l’EPR de Flamanville a débuté à l’automne 2007 et a déjà fait l'objet de nombreux reports, sa mise en service étant initialement envisagée en 2012(3).
La fermeture de la centrale de Fessenheim, qui a été liée à la mise en service de l’EPR, est de fait reportée comme l’a confirmé le secrétaire d’État Sébastien Lecornu. Les associations antinucléaires ont à cette occasion à nouveau critiqué ce conditionnement inscrit dans le décret de 2017 portant sur l’abrogation de l’exploitation de Fessenheim(4). Pour EDF, les recettes liées à la poursuite de l’exploitation de la centrale alsacienne devraient compenser le nouveau surcoût annoncé de 400 millions d’euros, portant à 10,9 milliards d’euros le budget actualisé de l’EPR de Flamanville. Pour rappel, le coût de développement de ce projet était à l’origine estimé par EDF à environ 3 milliards d’euros (base 2003).
Sur la centrale de Flamanville, deux réacteurs nucléaires (à l’arrière-plan) produisent déjà de l’électricité. Ces réacteurs de 2e génération ont été connectés au réseau électrique en 1985 et 1986. Au premier plan, l’EPR « Flamanville 3 ». (©EDF-Alexis Morin)
Un premier EPR démarré en Chine
Bien qu’attendu, le nouveau report du démarrage de l’EPR de Flamanville constitue un mauvais signal à l’approche de la révision de la PPE. Alors que la nouvelle feuille de route doit être finalisée d’ici à fin 2018, EDF plaide pour « un engagement rapide » en faveur du développement du « nucléaire nouveau » afin d’anticiper un renouvellement des réacteurs actuels qui seront arrêtés d’ici à 2050.
L’exploitant de l’ensemble du parc nucléaire français fixe pour horizon « une première mise en service d’une nouvelle centrale en 2030 ou peu après […] sans remettre en cause la perspective de baisse des capacités nucléaires installées dans le pays ». En 2017, rappelons que le parc nucléaire français a généré 379,1 TWh, soit près de 71,6% de la production électrique française.
EDF et Framatome mettent aujourd'hui en avant le premier EPR qui a commencé à produire de l’électricité... en Chine : le réacteur de Taishan 1 a été connecté au réseau électrique fin juin 2018(5). Il reste 5 chantiers d’EPR en cours : Flamanville en France, Taishan 2 en Chine, Olkiluoto en Finlande (en chantier depuis 2004) et les 2 EPR d’Hinkley Point au Royaume-Uni.
Le parc nucléaire français est le 2e plus important au monde, avec 58 réacteurs actuellement en service. (©Connaissance des Énergies)