©NAM
« L'Union européenne a fait des progrès significatifs dans la réduction de sa dépendance au gaz russe mais elle n'est pas encore hors de danger », a mis en garde le directeur exécutif de l'Agence internationale de l'énergie Fatih Birol, à l'occasion d'un nouveau rapport de l'AIE publié ce 12 décembre(1).
Une chute de plus de 10% de la consommation gazière de l'UE en 2022
Suite à l'invasion de l'Ukraine, les livraisons de gaz russe à l'Union européenne pourraient avoisiner près de 60 milliards de m3 (Gm3) en 2022, contre environ 140 Gm3 en 2021.
Dans le contexte de cet effondrement des livraisons de gaz russe, la consommation gazière de l'UE a été réduite en 2022 de près de 50 milliards de m3, soit de plus de 10% par rapport à 2021(2).
3 facteurs faisant craindre une plus forte tension en 2023
L'UE pourrait être confrontée à une situation plus critique encore en 2023, avertit l'AIE : les livraisons de gaz russe par gazoduc devraient en particulier être très inférieures l'an prochain au niveau de 2022.
Par ailleurs, les approvisionnements en gaz naturel liquéfié (GNL) - sur lesquels l'UE compte fortement - seront « limités » : les capacités d'importation de GNL des États membres pourraient s'élever d'environ 40 Gm3 en 2023 mais l'AIE estime que les approvisionnements réels devraient augmenter de seulement près de 20 Gm3 l'an prochain. La Chine - dont les importations de GNL ont très fortement chuter en 2022 dans le contexte de sa gestion du Covid - devrait en effet fortement concurrencer l'Europe pour les livraisons de GNL.
Enfin, l'AIE rappelle que l'UE a connu des températures « anormalement douces » au début de cet hiver : cet aléa météorologique a réduit de plus de 10 Gm3 la consommation gazière des États membres, selon les estimations de l'Agence.
Quelles mesures pour relever le prochain « stress test » ?
En 2023, l'AIE envisage un écart possible entre la demande « de base » de l'UE et son approvisionnement « de base » de 57 Gm3. Mais la consommation gazière des États membres pourrait être réduite de 30 Gm3 par « des actions visiblement déjà en mouvement » selon l'AIE (en particulier une plus forte production des énergies renouvelables, y compris hydrauliques, et nucléaires).
Il resterait donc un écart de 27 Gm3 (soit environ 6,5% de la consommation gazière de l'UE en 2021), exigeant des actions supplémentaires, pour assure l'équilibre offre-demande gazier au sein de l'UE en 2023. Ces actions seraient principalement de 4 ordres selon l'AIE : mesures pour améliorer l'efficacité énergétique, déploiement plus rapide des énergies renouvelables, accélération de l'électrification du chauffage, changements de comportements des consommateurs.