- Source : Ifri
Dessaler l’eau de mer est un procédé « cher, énergivore et qui rejette des quantités importantes de gaz à effet de serre dans la plupart des pays dotés d’un mix électrique très intensif en CO2. La consommation électrique des usines est élevée, variant selon les techniques à l’œuvre ; si les procédés de dessalement thermique, de moins en moins utilisés, consomment plus de 5 kWh d’énergie par m3 d’eau dessalée, le procédé de dessalement par osmose inverse, le plus répandu désormais, permet de dessaler 1 m3 d’eau avec en moyenne entre 2,5 et 3 kWh ».
Au total, plus de 21 000 stations de dessalement d’eau de mer sont actuellement opérationnelles dans le monde, soit « presque deux fois plus qu’il y a dix ans, et le secteur connaît une croissance de l’ordre de + 6% à + 12% de capacités par an ». Ainsi, le dessalement d’eau « s’impose progressivement comme la solution de premier plan pour faire face au stress hydrique croissant », constatent Marc-Antoine Eyl-Mazzega et Élise Cassignol(1) dans la note ci-après mise en ligne le 27 septembre par le Centre Énergie & Climat de l'Ifri. Les deux auteurs s'y interrogent « dans quelle mesure le marché du dessalement de l’eau de mer va se développer au cours de la décennie, quelles stratégies adoptent les acteurs industriels, étatiques et locaux, et comment cette hausse des besoins peut être conciliable avec les enjeux de la transition énergétique et la préservation de l’environnement ».
Rappelons que le dessalement d'eau de mer constitue une problématique particulièrement sensible au Moyen-Orient, région qui représente la moitié des capacités mondiales de dessalement d'eau de mer. En Arabie saoudite, près de 70% de l’eau potable provient par exemple d’usines de dessalement, souligne cette note. La consommation d’électricité liée au dessalement d’eau dans ce pays a été multipliée par 3 pendant la période 2005-2020, pour atteindre environ 6% de la consommation totale d’électricité de l'Arabie saoudite en 2020 (près de 17 TWh). Les capacités de dessalement d'eau du pays pourraient quasiment doubler d'ici 2030(2).
Cette note souligne également que « l’année 2023 sera marquée par la Conférence des Nations unie sur l’eau, et la présidence émirienne de la COP28, succédant à celle de l’Égypte, deux pays affichant de forts besoins, le développement d’une industrie durable et la rationalisation du marché de l’eau doivent être une priorité ».
- Marc-Antoine Eyl-Mazzega est directeur du Centre Énergie & Climat de l’Ifri et Élise Cassignol est étudiante en Master d’affaires publiques à Sciences Po.
- Elles « passeront de 5,6 millions de m3 par jour en 2022 à 8,5 millions de m3 par jour en 2025, et devront couvrir plus de 90% de la consommation en eau du pays », selon cette note.