Plateforme d'exploitation de gaz de schiste (©photo)
Printemps 2010. Trois permis de recherches sur les gaz de schiste sont accordés(1) par le ministère en charge de l’énergie dans le sud de la France dans l’indifférence générale. Un an plus tard, ces permis font l’objet de protestations politiques de tous bords. Une bronca jugée outrancière par les industriels en charge de l’exploration des gisements de ces gaz non conventionnels.
Urgence côté politique
Le mouvement de protestation ne se limite plus seulement aux trois permis concernant les gaz de schiste mais s’étend désormais à ceux de recherche d’huile de schiste (dans le bassin parisien) et plus globalement d’hydrocarbures liquides ou gazeux.
Fort de ses enjeux énergétique et économique, le dossier fait ainsi l’objet d’une agitation politique importante. Une étude a été commandée par le gouvernement aux Conseils généraux de l’industrie, de l’énergie et des technologies ainsi que de l’environnement et du développement durable (rapport d’étape de la mission CGIET-CGEDD remis le 15 avril, définitif le 31 mai). A l’Assemblée nationale, la Commission du développement durable a confié une mission d’information relative aux gaz et huiles de schiste aux députés François-Michel Gonnot (UMP) et Philippe Martin (PS). Ceux-ci présenteront leur rapport le 8 juin prochain.
Dans le même temps, le président du groupe UMP à l’Assemblée Nationale, Christian Jacob, a déposé une proposition de loi afin d’abroger les permis d’exploration pour le gaz et l’huile de schiste et interdire leur exploitation par fracturation hydraulique. Le gouvernement a demandé un examen en urgence de ce texte le 10 mai et a annulé les « autorisations déjà données » à des projets d'exploration de gaz de schiste utilisant la technique de fracturation hydraulique.
Le 13 avril, Christine Lagarde a présenté en Conseil des ministres un projet de loi modifiant le code minier. Jugé inadapté, celui-ci devrait intégrer de nouvelles procédures de consultation du public en amont de la délivrance des permis de recherche minière. Une simple information du public était suffisante jusqu’à présent.
Perplexité côté industriel
Les industriels affichent leur perplexité face aux protestations actuelles. « La France a décidé de tourner la page des gaz de schiste avant même de l’avoir ouverte », témoigne le PDG de GDF SUEZ, Gérard Mestrallet, dans Les Echos du 15 avril.
Du côté du gouvernement, c’est la technique de fracturation hydraulique, impliquant l’adjonction de nombreux solvants chimiques, qui dérange.
Il semble incohérent de « s’interdire […] de disposer d’une évaluation approfondie de la richesse potentielle » des sous-sols français, avant même d’avoir débuté un processus de recherche scientifique, souligne le rapport d’étape de la mission CGIET-CGEDD. Des approches d’exploitation plus innovantes que la fracturation hydraulique pourraient ainsi être envisagées dans le futur pour tirer profit des gaz de schiste.