Le charbon, décrié mais toujours central en 2021 selon l’AIE

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Consommation mondiale de charbon

Entre 2005 et 2015, la consommation mondiale de charbon a augmenté de 22,7%. (©Peabody)

Le charbon va voir son importance légèrement décliner dans les cinq prochaines années par rapport aux autres énergies selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Il devrait toutefois rester la principale source d’électricité en 2021 et aura encore en particulier les faveurs de nombreux pays asiatiques.

Le monde toujours « dépendant » du charbon en 2021

Le monde sera toujours « dépendant du charbon » à l’horizon 2021 selon le « Medium-Term Coal Market Report » publié le 12 décembre par l’AIE. En raison de coûts relativement peu élevés et d’une répartition géographique assez homogène, le charbon devrait rester la principale énergie consommée pour produire de l’électricité mais aussi de l’acier et du ciment. La part du charbon dans la production mondiale d’électricité va certes décliner mais pourrait encore avoisiner 36% en 2021, contre 41% en 2014.

En valeurs absolues, la consommation mondiale de charbon va très légèrement augmenter dans les prochaines années après une baisse en 2015 de 2,7%. La demande mondiale pourrait avoisiner en 2021(1) le niveau historique de 2014(2) selon l’AIE. Le charbon compterait alors pour 27% de la consommation mondiale d’énergie primaire contre près de 30% actuellement(3). Il est donc « trop tôt pour annoncer la fin du charbon », affirme Keisuke Sadamori, directeur de la division marchés et sécurité énergétiques à l’AIE.

Évolution de la demande mondiale de charbon vers un « plateau »

Selon l'AIE, la demande mondiale de charbon pourrait augmenter de 0,6% par an sur la période 2015-2021, contre 4% par an entre 2000 et 2013.  (©Connaissance des Énergies, d’après AIE)

Si la demande mondiale de charbon a chuté en 2015 pour la première fois au XXIe siècle, c’est dû aux baisses conjointes des deux principaux consommateurs de la dernière décennie, c’est-à-dire la Chine (lutte contre la pollution, - 1,5% en 2015 selon BP) et les États-Unis (concurrence du gaz de schiste et standards environnementaux, - 12,7%). Les marchés du charbon seront encore fortement influencés dans les prochaines années par la dynamique de la Chine, qui compte pour près de la moitié de la production et de la consommation mondiales de charbon à elle seule. Notons que la politique de Pékin a contribué à une forte remontée des prix du charbon en 2016, une première depuis 4 ans qui a soulagé l’industrie charbonnière.

Un marché de plus en plus asiatique

En 2000, près de la moitié de la demande mondiale de charbon provenait encore d’Europe et d’Amérique du Nord, rappelle l’AIE. En 2015, cette part n’était plus que d’un quart, tandis que les pays asiatiques comptaient quasiment pour les trois autres quarts de la demande mondiale. Cette tendance va s’accélérer dans les prochaines années selon l’AIE.

L’AIE prévoit une consommation toujours « solide » au Japon et en Corée du Sud et une forte augmentation de la demande en Asie du Sud et du Sud-Est (Inde, Vietnam, Indonésie, etc.) où le charbon sera encore privilégié pour augmenter la production électrique. En Inde, 2e pays le plus peuplé au monde, le charbon a compté pour 58,1% de la consommation d’énergie primaire en 2015 et New Delhi entend encore fortement augmenter sa production afin de satisfaire ses besoins énergétiques croissants et augmenter l’accès à l’électricité.

Dans le même temps, la Chine restera le géant mondial de l’industrie charbonnière malgré une baisse de sa demande jusqu’en 2018 (et une légère reprise entre 2018 et 2021(4)). Signalons que les compagnies chinoises construisent actuellement de nombreuses centrales au charbon hors de Chine, après une campagne d’électrification sur leur propre territoire.

Aux États-Unis où l’élection de Donald Trump soulève de nombreuses interrogations autour de la relance du charbon, l’AIE envisage une baisse assez nette de la demande américaine (baisse de 100 Mt d’ici à 2021, la consommation ayant déjà baissé de 300  Mt entre 2007 et 2015). Dans l’Union européenne, les politiques « bas carbone » devraient encore contribuer à réduire la demande de charbon.

Quid de la lutte contre le réchauffement climatique ?

Sachant que la combustion du charbon est responsable de près de 45% des émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie (et qu’elle contribue par ailleurs fortement à la pollution de l’air), la contradiction entre les projections de l’AIE et les objectifs de lutte contre le réchauffement climatique apparaît de manière assez évidente.

En dépit de l’accord de la COP21, l’AIE ne note « pas d’impulsion majeure » pour promouvoir le développement des technologies(5) de capture/stockage du CO2. Seules 0,06% des émissions de CO2 dues au charbon seraient actuellement capturées selon l’AIE.

L’AIE appelle ainsi un plus grand engagement des gouvernements, ces technologies de charbon « propre » étant déterminantes selon elle pour l'avenir de l’industrie charbonnière… et plus encore pour la lutte contre le réchauffement climatique. Pour rappel, le respect de l’objectif de l'Accord de Paris (réchauffement climatique limité à 2°C d’ici à 2100 par rapport aux températures préindustrielles) implique de limiter les émissions mondiales de gaz à effet de serre d’ici à la fin du siècle à environ 1 000 milliards de tonnes d’équivalent CO2, soit l’équivalent d’environ 20 ans d’émissions mondiales au rythme actuel.

Sources / Notes
  1. L’AIE estime que la consommation mondiale de charbon pourrait atteindre 5,6 milliards de tonnes de charbon en 2021, soit moins que son estimation précédente de 5,8 milliards de tonnes.
  2. La consommation mondiale de charbon a atteint l’équivalent de 3 911 Mtep en 2014 selon BP (3 840 Mtep en 2015).
  3. Le « pic » de la part du charbon a été atteint en 2011 selon l’AIE
  4. Principalement à des fins de production électrique, alors que la contribution de l’hydroélectrique pourrait diminuer à la fin de la période considérée.
  5. Et/ou de recyclage en méthane du CO2 (méthanation).

 

Site de l'AIE

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