- Source : Ifri
En 2017, les émissions chinoises de CO2 liées à l’énergie ont atteint 9,1 milliards de tonnes, soit 28% des émissions mondiales selon les dernières données de l’Agence internationale de l’énergie (AIE)(1). Fin décembre, la Chine a confirmé le lancement d’un futur marché carbone national (ETS pour « Emission Trading Scheme ») qui suscite des espoirs dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique mais aussi de nombreuses interrogations.
Dans cet éditorial en anglais publié par le Centre Énergie de l’Ifri, Thibaud Voïta(2) rappelle le contexte du lancement du marché carbone chinois et son ambition, à savoir « soutenir la Chine dans ses plans climatiques ». Seul le secteur électrique(3) sera finalement concerné par le marché ETS chinois et il ne devrait pas être opérationnel avant 2020 au mieux (aucune date officielle à ce jour).
A l’occasion de la COP21, la Chine s’était engagée à réduire ses émissions de CO2 par unité de PIB de 40% à 45% d’ici à 2020 par rapport au niveau de 2005 et à ce que ses émissions atteignent un pic au plus tard en 2030. Le pays a déjà expérimenté 7 marchés carbone pilotes régionaux (dans les villes de Pékin, Shanghai, Tianjin, Shenzhen, Chongqing et les provinces du Guangdong et du Hubei). A ce jour, ces marchés régionaux ont toutefois eu « des impacts limités sur la réduction des émissions de CO2 » selon Thibaud Voïta.
Le marché carbone chinois devrait rester sous contrôle du gouvernement, afin d’éviter aux entreprises nationales un prix trop élevé de la tonne de CO2 émise. De nombreux points restent par ailleurs à régler, notamment sur les pénalités liées au non-respect des quotas.
Pour autant, Thibaud Voïta considère ce futur marché – le plus grand au monde – comme un « signal très positif » susceptible d’avoir un impact au niveau international (notamment sur les autres « BRICS »(4)). Des discussions avec d’autres marchés existants (Europe, Californie) pourraient de plus permettre des rapprochements entre les principaux ETS. Au niveau chinois, l’encadrement du marché « ne signifie pas qu’il ne sera pas efficace pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de la Chine », conclut Thibaud Voïta.
- En 2017, les émissions chinoises ont augmenté de 1,7% en raison de la hausse de la consommation de pétrole et de gaz (la consommation de charbon a atteint un pic en 2013). La croissance des émissions est très inférieure à celle de l’économie chinoise (+ 7% en 2017), grâce au développement des énergies renouvelables et à la conversion charbon/gaz en cours pour la production électrique.
- Thibaud Voïta est chercheur associé au Centre Énergie de l’Ifri.
- Incluant les installations de cogénération.
- Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud.