Torchère sur un site pétrolier au Texas. (©flickR-Jonathan Cutrer)
En 2022, les volumes de gaz « torché » dans le monde ont été réduits de 3%, atteignant leur plus bas niveau depuis 2010 « après une décennie de progrès au point mort » souligne la Banque mondiale dans un rapport publié ce 29 mars (accessible en fin d'article).
139 milliards de m3 torchés en 2022
Lorsque l’on extrait du pétrole, celui-ci remonte souvent à la surface accompagné d’eau et de gaz (dit « gaz associé »). Après avoir été séparé du pétrole, le gaz peut être « torché », c’est-à-dire brûlé sur place, opération qui se manifeste par une flamme sortant d’une torchère et qui s'accompagne d'importantes émissions de gaz à effet de serre. Le recours au torchage intervient principalement en l'absence d'infrastructures de traitement et de transport permettant de commercialiser ce gaz dit « associé » (à la production de pétrole).
En 2022, près de 139 milliards de m3 (Gm3) de gaz ont été torchés (contre 144 Gm3 en 2021), indique le Global Gas Flaring Reduction Partnership (GGFR), organisation sous l’égide de la Banque mondiale qui réunit gouvernements, groupes pétroliers et institutions luttant contre cette pratique(1). Le rapport précise que la production mondiale de pétrole brut a dans le même temps augmenté de près de 5% en 2022.
« Ce découplage progressif du torchage du gaz et de la production de pétrole est notable », souligne la Banque mondiale : la quantité de gaz torché par baril de pétrole produit s'est élevée en moyenne en 2022 à 4,7 m3 de gaz torché par baril, contre 5,1 m3/b en 2021.
9 pays comptant pour les trois quarts du torchage mondial
Neuf pays (Russie, Irak, Iran, Algérie, Venezuela, États-Unis, Mexique, Libye et Nigéria) sont à l'origine des trois quarts des volumes de gaz torché dans le monde, alors qu'ils comptent pour moins de la moitié de la production mondiale de pétrole.
La plus forte baisse de volume de gaz torché en 2022 est à signaler au Nigéria qui a réduit le recours à cette pratique de 20% l'an dernier (en grande partie toutefois à cause de la chute de production pétrolière de 14% dans le pays). Au Mexique, la production pétrolière est restée relativement stable en 2022 mais le pays a réduit de 13% ses volumes de gaz torché (en particulier à partir de ses champs offshore de Ku-Maloop-Zaap et Akal).
En 2022, la Banque mondiale indique que le torchage a encore entraîné l'émission de 357 millions de tonnes d'équivalent CO2. Son rapport souligne en outre « l'incertitude entourant la quantité de méthane libérée par le torchage [...] les émissions de méthane dues au torchage pourraient être considérablement plus élevées que ce qui avait été estimé précédemment ».
L'ambition de mettre fin d'ici à 2030 aux opérations régulières de torchage de gaz sur les champs pétroliers portée depuis 2015 par la Banque mondiale (initiative « Zero Routing Flaring by 2030 ») est ainsi essentielle mais le chemin pour y parvenir reste long.
Consulter le Global Gas Flaring Tracker Report de la Banque Mondiale (mars 2023).