- Source : La Fabrique Écologique
En octobre 2019, Matthieu Glachant et Gaël Blaise ont estimé que « pour 1 000 euros investis dans l'isolation du logement, la diminution de facture énergétique serait en moyenne de seulement 8,29 €/an » en France(1), ce qui revient à un retour sur investissement de près de 120 ans. Ce constat serait largement imputable à « l'effet rebond ».
Dans la note ci-après publiée le 29 novembre par la Fabrique Écologique(2), Benoît Ploux et Jenny Dujeux(3) rappellent ainsi « le rôle incontournable de l'effet rebond » dans la transition énergétique. Cet effet rebond est défini comme « le phénomène pour lequel les économies d'énergie prévues par l'utilisation d'une nouvelle technologie sont partiellement ou complètement compensées à la suite d'une adaptation du comportement de la société ».
Concrètement, « plus il y a de nouvelles technologies rendant efficace la consommation d'une ressource, plus la demande pour cette ressource augmente ». Au Soudan, une étude de Zein-Eladbdin de 1997 constate notamment que, « suite à la diffusion massive de poêles à bon rendement énergétique à Khartoum, la consommation énergétique a augmenté de plus de 40% ».
En matière de consommation énergétique comme de lutte contre les émissions de gaz à effet de serre, cet effet rebond peut ainsi avoir des effets désastreux et prendre différentes formes : la note cite entre autres comme exemple des consommateurs préférant « remplacer leurs trajets onéreux en train par des trajets en voiture une fois avoir acheté une voiture performante et économe ».
L'effet rebond peut également se manifester avec des types d'usage différents (effets directs et indirects) : « une maison mieux isolée donne accès à des liquidités qui peuvent être réinvesties dans l'achat d'une deuxième voiture », indiquent les auteurs. En définitive, c'est le fonctionnement de l'économie globale que ces derniers appellent à remettre en cause dès lors que l'on « ne considère que très peu les limites de ressources (énergétiques, mais aussi minérales, alimentaires, etc.) et le coût de ses externalités négatives (pollution des eaux et des sols, perte de biodiversité, impact sur le changement climatique...) ».
- Étude économétrique reposant sur l’observation des travaux réellement effectués en France par des ménages et leurs factures énergétiques avant et après travaux (données provenant de l’enquête Maîtrise de l’Énergie réalisée par TNS-SOFRES pour l’Ademe de 2000 à 2013)
- Site de la Fabrique Écologique.
- Benoît Ploux est ingénieur en optimisation énergétique. Jenny Dujeux est ingénieure en efficacité énergétique chez Deepki.