- Source : Ifri
Le ministre russe de l’énergie Alexandre Novak a annoncé le 16 juin l’intention de la Russie et de l’Arabie saoudite de proposer aux pays du groupe dit « OPEP+ » une forte remontée de leur production de pétrole au 3e trimestre 2018 (+ 1,5 million de barils par jour). Pour rappel, les pays membres de l’OPEP se sont accordés fin novembre 2016 sur un accord de réduction de leur offre de pétrole face à la chute des cours. Dix pays non membres de l’organisation ont rejoint en décembre 2016 ledit accord qui a été prolongé à plusieurs reprises.
Dans cette étude en anglais publiée le 18 juin par le Centre Énergie de l’Ifri, six auteurs(1) font état des impacts de la chute des cours et de l’accord de restriction de la production au sein de dix grands pays producteurs (Algérie, Angola, Arabie saoudite, Azerbaïdjan, Irak, Iran, Kazakhstan, Nigeria, Russie, Venezuela). Leurs défis et mesures spécifiques sont décryptés, offrant une synthèse éclairante alors qu’une nouvelle réunion de « l'OPEP+ » aura lieu à Vienne le 23 juin 2018 (réunion des ministres de l'OPEP la veille).
Hormis le Venezuela, « les principaux producteurs de l’OPEP+ ont réussi à naviguer durant la tempête des prix bas », souligne l’étude qui rappelle que la « période de grand stress » s’est limitée à près de 16 mois, entre janvier 2015 et août 2016 (le prix du baril ayant chuté sous la barre des 30 $/l début 2016). L’accord de restriction de la production a aujourd'hui dépassé les attentes de ces producteurs, avec un prix du baril remonté au-dessus de 80 $ et des stocks fortement diminués.
Cette situation n’est toutefois pas sans risque pour les grands producteurs de « l'OPEP+ », des prix du pétrole trop élevés risquant « de ralentir l’économie mondiale et la demande de pétrole, mais aussi d’accélérer la croissance de la production hors OPEP ». La production américaine d’hydrocarbures liquides a en particulier déjà augmenté de 700 000 barils par jour en 2017, avec des perspectives de croissance plus fortes encore en 2018.
Prolonger l’accord de réduction de la production risque ainsi d’affaiblir à nouveau l’OPEP sur les marchés pétroliers, ainsi que l’Arabie saoudite, principal acteur de l'accord (avec un effort de réduction de près d’un demi-million de barils par jour). Dans le même temps, Riyad souhaite disposer d’un cours suffisamment élevé dans le cadre de l’entrée en bourse de Saudi Aramco, la vente de 5% des parts du géant – désormais envisagée en 2019 – constituant une étape importante de la Vision 2030 de diversification de l’économie saoudienne.
L’accord, reconduit à Vienne le 30 novembre 2017, concerne 24 pays qui comptent pour près 60% de la production pétrolière mondiale. (©Connaissance des Énergies)
- Le directeur du Centre Énergie de l’Ifri Marc-Antoine Eyl-Mazzega, Carole Mathieu, Élodie Bernard, Philippe Copinschi, Saïd Nachet et Isabelle Rousseau.