En Corse, le barrage de Rizzaneze produit près de 80 GWh par an, principalement pour répondre aux pics de consommation. (©EDF-Bruno Conty)
Les énergies renouvelables ont couvert 22,8% de la consommation électrique française au cours du 1er trimestre 2018 selon un rapport publié le 16 mai(1) par les gestionnaires de réseaux d’électricité. État des lieux.
Une production renouvelable dominée à plus de 60% par l’hydroélectricité
En France, les filières renouvelables ont produit près de 33,7 TWh au 1er trimestre 2018, soit 34% de plus que lors des trois premiers mois de 2017. Le parc hydroélectrique a compté à lui seul pour plus de 60% de cette production renouvelable trimestrielle. Malgré des capacités installées quasiment stables (25,5 GW, dont 3 MW supplémentaires raccordées au 1er trimestre 2018), les barrages hydrauliques français ont bénéficié des fortes précipitations hivernales, entraînant une hausse de leur production de 38% entre les trois premiers mois de 2017 et 2018.
La production éolienne a connu une croissance assez similaire entre ces deux périodes (+ 37%). Le parc éolien français, composé uniquement d’installations terrestres à l’heure actuelle (la première éolienne offshore – flottante – a été remorquée fin avril au large du Croisic), a compté pour 29,4% de la production électrique renouvelable au 1er trimestre 2018.
Le parc solaire photovoltaïque français a pour sa part généré près de 1,6 TWh au 1er trimestre 2018, soit environ 4,7% de la production électrique renouvelable sur cette période. En production annualisée, cela en fait encore la 3e filière renouvelable productrice en France devant les « bioénergies » (déchets ménagers et de papeterie, biomasse, biogaz).
Au total, les énergies renouvelables ont « participé à hauteur de 20 % à la couverture de la consommation d’électricité en France au cours des douze derniers mois » selon les gestionnaires de réseaux. Le parc nucléaire français, qui a compté pour 71,6% de la production électrique française en 2017, a vu cette part diminuer à « un peu moins de 70% » au 1er trimestre 2018(2). Précisons que la consommation électrique dans son ensemble a elle-même compté pour un peu moins d’un cinquième de la consommation finale d’énergie en France en 2017(3).
La production mensuelle du parc photovoltaïque français peut varier d’un facteur 3 à 4 entre les mois d’hiver et d’été. (©Connaissance des Énergies, d’après RTE)
De nouveaux objectifs de développement dans le cadre de la PPE
Pour rappel, les grandes orientations de la politique énergétique française sont fixées par la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Cette feuille de route doit être révisée d’ici à fin 2018, la nouvelle PPE devant indiquer des objectifs pour les périodes 2019-2023 et 2024-2028 (les révisions suivantes auront lieu tous les 5 ans). Un débat public est actuellement en cours jusqu’au 30 juin.
Dans la prochaine PPE seront donc entre autres précisées les nouvelles cibles de développement des énergies renouvelables (et la part du nucléaire dans le futur mix électrique). Notons ici que les filières solaire et éolienne avaient, à fin mars, atteint respectivement à 78% et à 92% leurs objectifs de déploiement d’ici à fin 2018 (fixées par l’actuelle PPE).
Ces objectifs exprimés en puissance ne doivent pas faire oublier que les unités de production présentent des facteurs de charge très différents qui conditionnent in fine le volume d'électricité qu'elles génèrent. Parmi les sources intermittentes, l’éolien a atteint au 1er trimestre 2018 « le facteur de charge moyen le plus élevé (33,6%) observé ces deux dernières années » pour la filière selon les gestionnaires de réseaux. Le facteur de charge du parc solaire photovoltaïque a pour sa part avoisiné 9,3% au 1er trimestre 2018 mais il dépasse 20% durant les mois d’été.
Là encore, l’hydroélectricité joue un rôle majeur au sein des énergies renouvelables : elle facilite l’intégration de sources de production intermittente en offrant une solution de stockage pour les surplus d’électricité sur le réseau à travers ses « STEP » (stations de transfert d’énergie par pompage qui comptent pour 18% des capacités hydrauliques raccordées sur le réseau de transport français).