Vue de la centrale nucléaire de Trillo en Espagne. (©Endesa)
« Construire des systèmes énergétiques durables et propres sera plus difficile, plus risqué et plus coûteux sans le nucléaire », affirme l’Agence internationale de l’énergie (AIE) dans un rapport spécial publié ce 30 juin(1).
La 2e source d'électricité bas carbone après l'hydroélectricité
À l’heure actuelle, le nucléaire est encore la 2e source d’électricité bas carbone dans le monde (9,8% de la production mondiale d’électricité en 2021 selon les dernières données du BP Statistical Review of World Energy), derrière l’hydroélectricité (15%) et devant l’éolien (6,5%). Mais très loin du charbon (36% du mix électrique mondial).
Le parc nucléaire mondial est composé de 440 réacteurs « opérationnels »(2) répartis entre 32 pays. Près de 63% des capacités nucléaires sont en exploitation depuis plus de 30 ans « car beaucoup ont été construites à la suite des chocs pétroliers des années 1970 », rappelle l'AIE.
Mais, « alors que le monde fait face à une crise énergétique mondiale, l'énergie nucléaire a le potentiel de jouer un rôle important en aidant les pays à passer en toute sécurité à des systèmes énergétiques dominés par les énergies renouvelables », estime l’Agence internationale de l'énergie. À fin juin 2022, 53 réacteurs nucléaires sont en cours de construction dans 17 pays(3), « démontrant l'élan récent de l'énergie nucléaire(4) qui sera probablement encore stimulé par les récentes flambées des prix du pétrole, du gaz et de l'électricité ».
Les pays développés ont « perdu leur leadership »
Selon le directeur exécutif de l'AIE, « dans le contexte actuel de crise énergétique mondiale, de flambée des prix des combustibles fossiles, de défis en matière de sécurité énergétique et d'engagements climatiques ambitieux [...] l'énergie nucléaire a une occasion unique de faire son grand retour ». Dans son scénario « Net Zero Emissions », l’AIE envisage un doublement de la taille du parc nucléaire mondial d’ici à 2050 par rapport à 2020.
L'AIE note toutefois des dynamiques différentes dans le monde : « les économies avancées (ndlr : cette catégorie n'inclut pas la Chine) ont perdu leur leadership sur le marché » nucléaire et leurs parcs pourraient être réduits d’un tiers d’ici à 2030, en l'absence d'« efforts supplémentaires », prévient l'AIE.
Mais cette « nouvelle ère » du nucléaire est conditionnée à certaines conditions, l'AIE citant entre autres la volonté politique et la faculté des industriels à résoudre les problèmes de dépassement de coûts et de retards de projets. L'Agence mentionne également l'importance des petits réacteurs nucléaires modulaires (SMR) dans la dynamique de la filière nucléaire, ces petits nucléaires pouvant « réutiliser les sites des anciennes centrales électriques à combustibles fossiles, en tirant parti de la transmission existante, de l'eau de refroidissement et de la main-d'œuvre qualifiée ».
Précisons que la part du nucléaire dans la production mondiale d'électricité est appelée à baisser dans le scénario « Net Zero Emissions » de l’AIE, atteignant, en 2050, 8% d'un mix électrique mondial dominé par les énergies renouvelables.