Un consommateur français ayant souscrit un tarif réglementé paie aujourd'hui près de 12 centimes d'euros par kWh. Un prix amené à augmenter. (©photo)
Les prix de l’électricité ont été augmentés dimanche de 7% en Espagne afin de mieux couvrir le coût réel de l’électricité. En France, comme ailleurs en Europe, les consommateurs vont être amenés à payer plus cher leur électricité dans les années à venir, et cela quel que soit le mix électrique choisi.
Espagne : + 7% depuis le 1er avril
Dimanche, le tarif réglementé espagnol pour l’électricité (TUR), souscrit par 22 millions de clients particuliers, a été augmenté de 7%. Cette décision prise par le gouvernement vendredi dernier vise à limiter le déficit de l’Etat espagnol, fortement endetté auprès des compagnies électriques en raison des subventions apportées au secteur photovoltaïque. Le déficit espagnol dit « tarifaire », qui résulte de la différence entre le tarif réglementé et le coût réel de l’électricité, atteint aujourd’hui près de 24 milliards d’euros.
La Cour suprême espagnole ayant exigé que ce déficit ne dépasse pas 1,5 milliard d’euros pour l’année 2012, le gouvernement a décidé de répartir une partie de sa charge sur les consommateurs. Le ministre de l’industrie José Manuel Soria a toutefois précisé que la hausse des prix aurait été supérieure à 30% si l’intégralité de cette charge avait été reportée sur eux.
Un cas non isolé, des causes multiples
Les augmentations des tarifs de l’électricité ne sont néanmoins pas une exception espagnole ni européenne, comme en témoigne l’annonce vendredi d’une autre hausse du tarif réglementé de l’électricité de 20% au Tadjikistan, pays le plus pauvre d’Asie centrale.
Les hausses des prix de l’électricité (tarifs réglementés ou offres de marché) visent à couvrir le coût de production réelle, les différentes coûts d’acheminement de l’électricité ainsi que des aides ou subventions à des sources d’énergie le cas échéant. Notons que le coût de production peut lui-même augmenter pour des raisons multiples : construction de nouvelles unités de production, coûts supplémentaires de maintenance, intégration du « coût » du carbone, hausse du prix des combustibles, etc.
Quid de la France ?
Les consommateurs français bénéficient actuellement d’un prix de l’électricité hors taxes (HT) inférieur de près de 23% à ceux dont s’acquittent en moyenne les consommateurs de l’Union européenne (voir diagramme ci-dessous pour 2011).
A ces prix HT s’ajoutent diverses taxes comme la TVA et contributions (telles que la CSPE en France) dont l’impact varie fortement entre les différents pays européens. Elles composent près de 27% du prix final payé par les particuliers français, contre près de 30% en moyenne dans les pays de l’Union européenne.
Par conséquent, les consommateurs français paient leur électricité moins cher que la grande majorité des européens, d’une part car le prix HT est très peu élevé dans l’hexagone et d’autre part car les taxes qui s’y ajoutent sont plus faibles en moyenne.
De nombreux analystes rappellent toutefois que les hausses du prix du kWh sont « inéluctables » en France. Le choix du mix électrique français aura naturellement une incidence sur ce prix et fait l’objet de nombreuses discussions politiques. Reste à préciser l’ampleur de la hausse du prix de l’électricité à moyen et long terme. L’UFE (Union Française de l’Electricité) prévoit pour sa part que celui-ci augmentera d’1/3 à 2/3 pour les particuliers d’ici à 2030.
Aux prix moyens de l'électricité hors taxes ci-dessus, s’ajoutent des taxes dont l’incidence sur le prix final payé par les particuliers varie fortement d'un pays à un autre : elles composent 5% du prix final au Royaume-Uni et plus de 60% au Danemark (©2012)