Champ pétrolier de Njord en Norvège. (©Equinor)
Les prix de l'énergie ont fait l'objet d'une attention centrale en 2022, avec notamment une flambée des cours du gaz naturel qui s'est répercutée sur les prix de gros de l'électricité en Europe. Mais savez-vous de combien a réellement augmenté le prix du baril de Brent en 2022 ?
Une hausse moyenne de 42,6% durant l'année 2022
Le cours du baril de Brent (en clôture à Londres) a en moyenne atteint un niveau de 100,76 $ en 2022, soit 42,6% de plus qu'en 2021 (70,68 $/b) et presque deux fois et demi le niveau de 2020, année de crise et de confinements liés au Covid-19 (41,75 $). La valeur moyenne annuelle du cours de Brent n'avait plus franchi la barre des 100 $ par baril depuis l'année 2013 (108,63 $/b).
Précisons que le cours moyen mensuel du Brent a fini l'année à un niveau de 80,9 $/b en décembre 2022, contre 86,5 $/b en janvier 2022.
Un pic mensuel en juin 2022 pour le Brent
Les cours du pétrole (du Brent mais aussi du WTI, brut de référence américain) ont significativement augmenté au 1er semestre 2022, en particulier suite au début de l'invasion de la Russie par l'Ukraine le 24 février, souligne l'EIA américaine (Energy Information Administration)(1). Le 8 mars 2022, « la combinaison de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et de faibles stocks mondiaux de pétrole brut a porté le prix du pétrole brut à son niveau le plus élevé ajusté en fonction de l'inflation depuis 2014 », indique l'analyste Jimmy Troderman de l'EIA.
« Le manque d'investissements dans l'exploration-production un peu partout dans le monde a accentué le phénomène » d’une offre insuffisante et l’influence des 23 producteurs de l’OPEP+ (Arabie saoudite et Russie en tête) sur les cours, constatait Jacques Percebois, professeur émérite à l’Université de Montpellier, en octobre 2022.
Le cours moyen mensuel du Brent a quant à lui atteint son pic au mois de juin, atteignant près de 122,7 $/b, soit son plus haut niveau mensuel depuis mars 2012 (125,45 $/b)(2).
Crainte d'une récession et réserves stratégiques au 2e semestre
Au 2e semestre 2022, les cours du pétrole ont au contraire décliné, notamment « en raison de la stabilité des exportations russes (baisse vers l’Occident mais réexportations vers la Chine et l’Inde) », soulignait Guy Maisonnier, ingénieur économiste chez IFP Énergies nouvelles en octobre dernier.
Les marchés ont en outre anticipé une baisse de la demande liée à une possible récession économique (et aux mesures de confinements drastiques de la Chine face à la pandémie de Covid-19). Le cours du Brent a ainsi atteint son point bas le 8 décembre, à un niveau de 75 $/b, indique l'EIA américaine.
Les États-Unis ont par ailleurs eu recours massivement à leurs réserves stratégiques de brut pour sécuriser leur approvisionnement et faire baisser les prix : mi-octobre 2022, l’EIA indiquait que ces réserves stratégiques américaines de pétrole avaient chuté à 405 millions de barils de pétrole brut, soit leur « plus faible niveau » depuis juin 1984.
Précisons que l'écart de prix entre le cours du Brent et celui du WTI s'est accru en 2022 (5 $/b en plus en moyenne pour le brut de référence européen, contre 3 $/b en 2021 selon l'EIA) : les pays européens ont en effet cherché à trouver des sources alternatives au pétrole russe et ont été affectés par un dollar fort qui ont rendu leurs importations de brut plus coûteuses.