Répartition en pourcentage des réserves prouvées de gaz dans le monde à fin 2013, d'après les données du BP Statistical Review (©Connaissance des Énergies)
Définition et catégories
Les réserves de gaz sont constituées des volumes de gaz naturel récupérables dans des gisements exploités ou pouvant l’être au vu des critères techniques et économiques. Les réserves de gaz fluctuent donc en fonction de la disponibilité des moyens techniques permettant leur exploitation et des prix de marché au moment de leur exploration.
Les réserves les plus exploitées sont les réserves de gaz dites « conventionnelles ». Les réserves de gaz dites « non conventionnelles » nécessitent l’usage de techniques d’exploitation plus coûteuses, le gaz étant difficile à extraire : il s’agit principalement du gaz de charbon présent dans les mines de charbon profondes, du gaz de schiste emprisonné dans une roche imperméable et du gaz compact présent dans des réservoirs eux aussi peu poreux.
A fin 2014, les réserves prouvées de gaz naturel dans le monde sont de 187 100 milliards de m3 selon BP.
Fonctionnement technique ou scientifique
Les cinq pays disposant des plus importantes réserves de gaz au monde sont :
- l'Iran : 33 800 milliards de m3 de réserves prouvées à fin 2013 (soit 18,2% des réserves mondiales) ;
- la Russie : 31 300 milliards de m3 de réserves prouvées (16,8%) ;
- le Qatar : 24 700 milliards de m3 de réserves prouvées (13,3%) ;
- le Turkménistan : 17 500 milliards de m3 de réserves prouvées (9,4%) ;
- les États-Unis : 9 300 milliards de m3 de réserves prouvées (5%).
Cliquez sur la carte ci-dessus pour l'agrandir.
Classement des réserves de gaz
Les réserves de gaz naturel sont qualifiées et classées selon le potentiel économique qu’elles représentent :
- les réserves prouvées concernent l’ensemble des quantités de gaz dont l'existence est établie et dont les chances de récupération et de rentabilisation, dans le cadre des données actuelles de la technique et de l'économie, sont d'au moins 90 % ;
- les réserves probables ont été testées mais ne font pas l’objet d’une production. Elles concernent, pour un gisement identifié, les quantités de gaz ayant une probabilité supérieure à 50 % d'être économiquement exploitables ;
- les réserves possibles concernent l’ensemble des quantités de gaz dont la probabilité de rentabilité est de 10%.
Ces critères ont un impact sur la vie économique des sociétés pétrolières ou gazières car ils influent directement sur leur valorisation boursière. Il existe une grande diversité de règlements de divulgation. Si une société souhaite être présente sur les marchés financiers à New York, elle doit se plier aux règlements de la SEC (Securities and Exchange Commission) qui harmonise les normes. La SEC ne rend obligatoire que la divulgation des réserves prouvées.
Contrôle des réserves de gaz
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) n’a pour l’instant pas le mandat de contrôler l’exactitude des réserves annoncées. Tant que les États ne seront pas soumis à des normes communes, la transparence en matière de réserves est donc encore difficile à atteindre. Par ailleurs, chaque compagnie pétrolière a aussi ses méthodes de calcul de réserves.
Les réserves d’un pays ou d’une compagnie pétrolière sont recalculées chaque année :
- les quantités produites dans l’année sont retirées des réserves ;
- les volumes découverts par l’exploration sont ajoutés ;
- les estimations des réserves des gisements en production ou susceptibles de l’être sont révisées.
Le comportement d’un gisement pendant sa phase de production est difficile à déterminer précisément. Les profils de production établis à partir de modèles ne se réalisent pas toujours. Le facteur de récupération (le pourcentage de gaz contenu dans le sous-sol qu’on parviendra à ramener à la surface) n’est précisément calculé qu’à la fin de la vie du gisement.
Enjeux par rapport à l'énergie
Depuis plusieurs années, le gaz prend une place de plus en plus importante dans la consommation énergétique mondiale. Il en représente près de 21,3% en 2012. Par ailleurs, la découverte et l’exploitation de gisements non conventionnels comme les gaz de schiste pourraient garantir au gaz une position majeure dans le bouquet énergétique mondial et faire évoluer les relations géopolitiques.
Acteurs majeurs
Les industriels : le groupe disposant des plus importantes réserves de gaz naturel est le géant russe Gazprom pour qui l’exploration est essentielle pour maintenir son statut de plus grand producteur et fournisseur mondial de gaz. Fin 2013, Gazprom évalue ses réserves de gaz naturel à près de 35 700 milliards de m3, soit près de 19% des réserves mondiales prouvées de gaz naturel(1).
Les États : ils sont propriétaires des réserves de gaz naturel présentes sur leur territoire et dans les fonds marins n’excédant pas une distance de 200 milles marins (370,4 km) de leurs côtes. Les compagnies chargées de l’exploration gazière doivent s’acquitter, auprès des États possédant les éventuels gisements, d’une licence d’exploration puis d’une licence d’exploitation.
Les organisations internationales : le forum international FPEG (Gas Exporting Countries Forum) et l’association internationale CEDIGAZ, regroupent les différents pays producteurs de gaz. Ils font état des réserves de gaz découvertes.
Unités de mesure et chiffres clés
Grâce à l’amélioration des méthodes d’exploration, les réserves mondiales de gaz de schiste ne cessent d’augmenter. Bien que d’autres gaz non conventionnels soient encore majoritaires comme le gaz de charbon aux États-Unis, les ressources mondiales de gaz de schiste représenteraient à elles seules davantage que le volume des réserves de gaz conventionnel selon l'EIA américaine.
En matière d’exploitation, notons par ailleurs que le taux de récupération du gaz (environ 60% en moyenne) est aujourd’hui bien supérieur à celui du pétrole (environ 35% en moyenne).
Estimation de la durée des réserves par type de ressource (selon le BP Statistical Review de 2014):rappel de la durée de vie des réserves des différentes matières premières en l'état actuel des découvertes
- Pétrole : environ 53 ans
- Gaz : environ 55 ans
- Charbon : environ 113 ans
- Uranium : environ 100 ans (sur la base des réacteurs de 2ème génération, des milliers d’années dans le cas d’une industrialisation des surgénérateurs)
Zone de présence ou d'application
Les réserves de gaz naturel sont inégalement réparties dans le monde. Près de 60% des réserves de gaz sont situés en Russie et au Moyen-Orient(2). L’Iran, la Russie et le Qatar détiennent à eux trois, presque la moitié des réserves mondiales prouvées de gaz(3).
- Le Moyen-Orient possède les réserves de gaz les plus importantes au monde (42,3% des réserves prouvées à fin 2013) mais ne fournit pourtant que 16,7% de la production mondiale de gaz en 2013.
- L'Iran détient les premières réserves mondiales de gaz naturel et est le troisième producteur de gaz.
- Les États-Unis qui ne possèdent que 5% des réserves mondiales de gaz naturel à fin 2013 sont le premier producteur mondial.
Répartition des réserves prouvées de gaz naturel dans le monde à fin 1991, 2001 et 2011 (© d'après BP)
L’innovation technologique permet à l’exploration gazière de découvrir des réserves plus difficiles d’accès. Aujourd’hui, près de 2/3 des nouvelles découvertes sont des réserves offshore.
De nombreuses réserves de gaz non conventionnels et plus particulièrement de gaz de schiste sont progressivement découvertes. Elles sont abondamment réparties sur la planète : Amérique du Nord et du Sud, Chine, Australie et plusieurs pays d’Europe. Pionniers dans l’exploitation de gaz de schiste, les États-Unis possèdent d’importantes réserves sur la quasi-totalité du territoire, surtout dans le Colorado. Le gaz de schiste est aujourd’hui la deuxième ressource énergétique des Etats-Unis, il alimente plus de la moitié des foyers du pays.
Passé et présent
Longtemps considéré comme un élément dangereux présent dans les gisements de pétrole, le gaz est progressivement exploité. Depuis les années 1970, les qualités énergétiques du gaz sont reconnues et la demande ne cesse d’augmenter. Le développement de nouvelles techniques d’exploration gazière permet de répondre efficacement à cette demande croissante puisque de nouvelles réserves sont découvertes. En 20 ans, les réserves de gaz conventionnel ont augmenté de presque 60%.
Cependant, la carte des réserves de gaz conventionnel est aujourd’hui connue et le rythme des découvertes ralentit. Ces cinq dernières années, de nombreuses campagnes d’exploration consistent désormais en la recherche de gaz non conventionnel et plus particulièrement de gaz de schiste.
Futur
L’estimation des réserves évolue en fonction de paramètres économiques et technologiques. Il est donc difficile de définir précisément et incontestablement le potentiel de production des réserves de gaz à moyen ou à long terme.
Cependant, le développement et la maîtrise de technologies avancées permettent d’envisager avec assurance une amélioration du taux de récupération à l’avenir ainsi qu’une mise en exploitation croissante de réserves de gaz non conventionnel.
L’exploration s’intensifie dans des zones difficiles d’accès (région arctique, offshore ultra profond) qui pourraient renfermer d’importantes réserves de gaz. Selon IFP Énergies nouvelles, la production des réserves offshore devrait augmenter de 50% d'ici à 2020.
Les États-Unis qui intensifient significativement d’année en année la prospection mais aussi leur production de gaz de schiste sont devenus en 2009 le premier producteur de gaz au monde devant la Russie. Ils développent par ailleurs tout comme d’autres pays « charbonniers » comme la Chine ou l’Inde des procédés pour valoriser le gaz de charbon.