Solaire photovoltaïque : l'Académie des technologies appelle à agir face à la « domination chinoise »

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Parc solaire de Leibertingen en Allemagne. (©EnBW/Uli Deck)

« Sans actions très volontaristes en Europe, comme celles des États-Unis, c’est l’industrie chinoise qui profitera le plus » du développement de la filière solaire photovoltaïque, met en garde l'Académie des technologies dans une note publiée ce 11 avril (accessible en bas de cet article).

Le contexte : une très forte domination de la Chine

En 2022, le solaire photovoltaïque a compté pour 4,2% de la production d'électricité en France métropolitaine (soit approximativement le niveau de la filière dans le mix électrique mondial). Mais l'énergie solaire progresse rapidement et pourrait selon le scénario Net Zero Emission (NZE) de l'AIE, générer près de 20% de l'électricité mondiale en 2030 et jusqu'à 37% à l'horizon 2050, rappelle l'Académie des technologies.

Mix électrique de la France en 2022

 

Selon le scénario principal de l'AIE, les capacités photovoltaïques installées dans le monde pourraient tripler d'ici à 2027.

Évolution des capacités électriques installées dans le monde selon le scénario principal de l'AIE

Le recours au solaire photovoltaïque est entre autres prôné comme un moyen de renforcer l'indépendance énergétique. Mais « la production des composants sur la totalité de la chaîne de valeur est très largement dominée par la Chine (80%) et, dans une moindre mesure, par l’Asie du sud-est (18%) », constate également l'Académie des technologies.  Et les panneaux photovoltaïques sont fabriqués en Chine avec une électricité très carbonée (en moyenne 600 gCO2/kWh).

L'Europe a pour sa part « été un acteur industriel significatif jusqu’à environ 2010. En quelques 10 années, la production européenne a stagné, puis est devenue marginale pour atteindre 0,9 % du total en 2021. Cet effondrement industriel a été d’une rare brutalité ». 

S'il n'existe pas de stratégie industrielle au niveau européen, déplore l'Académie des technologies, cette dernière note aussi les atouts européens : « une puissance d’achat importante (bien que non coordonnée), une maîtrise compétitive de la partie amont du processus en Europe du Nord, notamment grâce à une électricité peu coûteuse et bas-carbone (en Norvège 10 g CO2/kWh par exemple, environ 50 g CO2/kWh en France), un écosystème de centres de recherche et d’entreprises compétentes sur l’ensemble de la chaîne de valeur », etc.

Les recommandations de l'Académie des technologies

Face à ces constats, l'Académie des technologies appelle l'Europe à « se doter sans attendre de moyens de production significatifs pour l’amont de la chaîne de production des cellules silicium. Il s’agit de la production du silicium, de son extraction, à sa purification, puis à la production de lingots et de monocristaux, et enfin leur découpe en galettes ».

Pour être compétitives, les industries de la partie aval (cellules, modules et panneaux) « doivent produire des cellules à haut rendement, et donc utiliser les technologies de pointe (hétérojonction et TOPCon) ». L'Académie des technologies appelle également à « développer les technologies couches minces qui à l’exemple des pérovskites, peuvent s’avérer décisives dans l’évolution du photovoltaïque et la compétitivité européenne à plus long terme ».

Cette réorientation industrielle peut s'effectuer par étapes : « pour commencer, la partie aval (cellules de dernières technologies) peut être réaliser sur la base de galettes importées. Ensuite, une production européenne pourrait progressivement remplacer ces importations ». « À l’instar de ce que font ses concurrents, l’Europe doit envisager de mettre en place des politiques interventionnistes et de protection pour permettre un redémarrage d’une industrie. Ceci signifie spécialement d’agir en termes de subventions, de droits de douanes et de politique d’achats publics », souligne enfin l'Académie des technologies.

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