La guerre en Ukraine a eu un impact majeur sur le marché du GNL et les exportations américaines vers l’Europe. Ici, le terminal d'exportation de GNL de Cheniere Energy à Sabine Pass, dans le Golfe du Mexique. (©Cheniere Energy)
Le think tank IEEFA (Institute for Energy Economics and Financial Analysis) a lancé ce 22 mars un « tracker » sur la situation du gaz naturel liquéfié en Europe : capacités de regazéification en construction, sources et volumes des importations, prévisions de la demande, etc. Les données y seront actualisées tous les trimestres.
Les importations européennes de GNL en 2022
En 2022, les importations européennes de GNL ont augmenté de 60% par rapport à 2021, selon l'IEEFA. Elles ont eu pour origines trois principaux pays : les États-Unis (près de 74 milliards de m3 exportés vers l'Europe en 2022, + 143% par rapport à 2021), le Qatar (28 Gm3, + 23%) et... la Russie (20 Gm3, + 12%).
Précisons que la France a été le principal importateur européen de GNL (près de 36 Gm3 en 2022), en particulier en provenance de Russie (7,4 Gm3).
Sur la base des infrastructures prévues, l'IEEFA estime que les capacités cumulées des terminaux de GNL en Europe pourraient s'élever à près de 400 milliards de m3 (Gm3) par an à l'horizon 2030, contre 270 Gm3 à fin 2022.
Des projets d'infrastructures disproportionnés par rapport à la demande future
Le think tank souligne dans le même temps que S&P Global Commodity Insights prévoit que la demande européenne de GNL pourrait atteindre entre 150 et 190 Gm3 en 2030. Selon les prévisions de l'IEEFA, la demande totale de gaz en Europe (que ce soit sous forme de GNL transitant par voie maritime ou gazeuse transitant par pipeline) pourrait s'élever à près de 390 Gm3 en 2030.
Autrement dit, « l’appétit » européen pour le GNL, renforcé par le souhait de moins dépendre des importations depuis la Russie par gazoduc, est très disproportionné par rapport aux besoins réels envisagés.
Cela fait craindre un risque d' « actifs échoués » : l'IEEFA prévoit que le taux d'utilisation des terminaux GNL en Europe (sur la bases des infrastructures existantes et des projets connus) pourrait se limiter à 38% à l'horizon 2030. « Il s'agit de la police d'assurance la plus chère et la plus inutile au monde », déplore Ana Maria Jaller-Makarewicz, analyste au sein de l'IEEFA.
Cliquez ici pour accéder au « tracker » de l'IEEFA sur le GNL en Europe.