- Source : IRIS
Dès 2021, Gazprom a « initié une stratégie de limitation de ses exportations de gaz à destination de l’UE » et privilégié un acheminement de son gaz via les gazoducs Nord Stream et TurkStream, ce qui lui permettait de contourner l’Ukraine et la Pologne comme pays de transit, rappelle le rapport ci-après mis en ligne ce 10 mai par l’IRIS (Institut de relations internationales et stratégiques) dans le cadre de l’Observatoire de la sécurité des flux et des matières énergétiques(1).
L'auteur Sami Ramdani, chercheur à l’IRIS, y analyse (avec la collaboration de Brévenn Giacomoni, assistant de recherche) « les éléments déclencheurs et accélérateurs, des bouleversements que connaissent les marchés énergétiques européens aujourd’hui », avec la stratégie russe de limitation des exportations de gaz vers l’UE.
Il explique entre autres que Gazprom « s’est contenté de remplir ses obligations contractuelles sans envoyer de gaz supplémentaire malgré la demande européenne » avant de réduire drastiquement en 2022 ses exportations vers le marché européen, celles-ci atteignant cette année-là 66,6 milliards de m3 (Gm3), contre 137 Gm3 en 2021(2). Au total, Gazprom n’a ainsi compté que pour près d'un cinquième des 337,4 Gm3 de gaz importés par l’UE en 2022.
« Mais la Russie n’a pas totalement abandonné le marché gazier européen », souligne Sami Ramdani : les importations de GNL russe (fourni principalement par Novatek et non Gazprom) de l'UE ont augmenté de près de 30% en 2022 par rapport à 2021 et Moscou envisage de passer par la Turquie pour continuer à exporter des volumes - certes limités - de gaz vers l'UE par gazoduc « en anonymisant une molécule qui aurait pu être refusée par les consommateurs européens si elle avait été traçable ».
- L’Observatoire de la sécurité des flux et des matières énergétiques est coordonné par l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), en consortium avec Enerdata et Cassini, dans le cadre d’un contrat avec la Direction générale des relations internationales et de la stratégie (DGRIS) du ministère des Armées.
- La stratégie de Gazprom a entrainé une très importante hausse des prix du gaz sur le marché de gros de l’UE qui lui a « largement permis » de compenser la baisse des volumes de gaz exportés.