Coprésidents de la Fondation d’entreprise Alcen pour la Connaissance des Énergies
Les découvertes abondantes de pétrole et gaz non conventionnels de ces cinq dernières années changent totalement la donne énergétique mondiale. Les réserves globales d’énergies fossiles sont substantiellement revues à la hausse. La peur d’un manque d’énergie à court ou moyen terme n’a plus lieu d’être. De plus, la nouvelle répartition géographique des réserves apparaît beaucoup plus équilibrée. La dépendance du marché mondial à quelques pays s’amenuise.
Cette double bonne nouvelle énergétique contraste avec un assombrissement économique général. La crise financière américaine initialement sectorielle (subprimes) a révélé et amplifié une crise structurelle des États européens. L’ampleur des difficultés va réduire pour de nombreuses années les budgets de la plupart des pays de l’Union européenne, avec un effet d’entraînement négatif mondial, alors que se profile déjà la crise financière annoncée de l’État américain, incapable de se désendetter. Dans la plupart des pays de l’OCDE, il va falloir dépenser moins avec effet immédiat.
En valeurs moyennes, si les énergies fossiles non conventionnelles sont plus coûteuses à exploiter que leurs consœurs conventionnelles, elles sont substantiellement plus économiques que les énergies renouvelables*. Une telle déclaration souffre de-ci de-là d’exceptions (la géothermie en Islande est quasiment imbattable en coût de production tout en étant constamment disponible) mais est actuellement globalement incontestable avec des différences de coûts pouvant aller du simple au triple.
Ainsi donc de nombreux États libérés de la peur du manque d’énergie et hautement contraints financièrement devraient être amenés à négliger les coûteuses énergies renouvelables.
Seules des prévisions dramatiques et incontestables sur l’équilibre écologique de la Terre causées par un excès de rejet de gaz à effet de serre pourraient contrecarrer de telles politiques. Alors comme dans un état de guerre la contrainte financière céderait le pas devant la nécessité de combattre le CO2, entre autres en développant l’usage des énergies renouvelables.
En résumé, nous allons assister à une opposition frontale entre le GIEC (in fine seul organisme actuellement susceptible de crédibiliser des prévisions écologiques) et les marchés financiers.
Si les études du GIEC anticipent une catastrophe exprimée en des termes politiquement convaincants, les gouvernements consentiront aux efforts financiers nécessaires pour développer les énergies renouvelables. Dans tous les autres cas, les énergies nouvelles souffriront longtemps d’une désaffection et de retards majeurs dans leurs développements.