Le TCM teste actuellement deux principales technologies de captage de CO2 mises au point par Alstom et Aker Clean Carbon. (©TCM)
Le groupe français Total a signé le 7 avril un protocole de partenariat avec le Technology Centre de Mongstad (TCM), l’une des plus grandes installations au monde de tests en matière de captage de CO2.
Le TCM, une installation de tests pour capter le CO2
Inauguré en mai 2012, le Technology Centre de Mongstad est exploité par l’entreprise publique norvégienne Gassnova et bénéficie du soutien de deux partenaires pétroliers (Shell et Statoil) que Total va donc rejoindre mi-août 2017(1). Ceux-ci veulent ainsi contribuer à « améliorer les process de captage du CO2 » et à en réduire les coûts.
Le site de Mongstad, situé au nord de Bergen (ouest de la Norvège), permet de tester en parallèle diverses technologies de capture de CO2 issue de fumées de combustion. Le centre est en effet relié à une centrale électrique au gaz (dont les fumées de combustion contiennent près de 3,5% de CO2) et à une raffinerie de pétrole voisine (dont les fumées de combustion contiennent près de 13% de CO2, taux proche de celui de la plupart des centrales au charbon en service dans le monde).
Les technologies de capture testées au TCM consistent à piéger les molécules de CO2 après l’étape de combustion (« postcombustion »). Le procédé le plus commun de captage s’effectue grâce à des solvants présentant une « affinité » pour les molécules de CO2 (c’est-à-dire capables de se lier avec des molécules de CO2 dans certaines conditions, notamment de pression et de température). Les solvants aux amines sont les plus utilisés. Le TCM travaille entre autres sur l’optimisation de cette technologie éprouvée(2).
Le TCM annonce disposer d’une capacité totale de capture de 100 000 tonnes de CO2 par an (une des deux unités de captage à l’ammoniac liquéfié n’a toutefois pas fonctionné récemment, précise le TCM). Précisons que le CO2 ne fait pas l’objet d’une valorisation sur ce site et est rejeté dans l’atmosphère après les phases de tests.
Principe de captage du CO2 par postcombustion (©Connaissance des Énergies)
Un intérêt historique de Total pour les projets « CCS » en Norvège
Total est un acteur historique des technologies de capture et de stockage du CO2 (dites « CCS ») et a notamment participé dès les années 1990 à deux projets industriels en Norvège de captage de CO2, celui-ci étant injecté dans des aquifères salins (Sleipner et Snøhvit). Le groupe rappelle également avoir mis en place en France, entre 2010 et 2013, la première chaîne technologique complète de CCS (captage, transport et stockage) au monde au sein d’un projet pilote à Lacq.
En 2016, le groupe Total a créé, avec plusieurs grands groupes pétroliers (dont Shell, Repsol et Statoil) un fonds d'investissement d'un milliard d'euros (« OGCI Climate Investments ») pour travailler notamment sur la réduction des coûts de captage de CO2. Le groupe s’est engagé en 2016 à consacrer au captage et au stockage de CO2 jusqu’à 10% de ses dépenses en R&D dans les secteurs pétrolier et gazier.
Selon le GIEC, l’objectif de l’Accord de Paris, à savoir contenir le réchauffement climatique en deçà de 2°C d’ici à la fin du XXIe siècle (par rapport aux températures de l'ère préindustrielle), ne pourra probablement pas être atteint sans un développement à grande échelle des dispositifs de capture et de stockage du CO2. Le coût de ces systèmes et l’identification des sites de stockage (jusqu’ici principalement des aquifères salins profonds et des anciens gisements de pétrole et de gaz) ont jusqu’ici limité le développement du stockage de CO2.
Pour faire du CCS « un business à horizon 2035 », Total compte sur la mise en place d’une tarification carbone « significative » et à grande échelle. Le groupe déclare déjà incorporer dans les évaluations économiques de ses investissements un prix de long terme du CO2 de 30 à 40 dollars par tonne de CO2 ». A l’heure actuelle, le coût des technologies CCS serait compris entre 25 et 90 dollars par tonne de CO2 selon le Global CCS Institute(3).